L’expérience politique actuelle a toutes les allures d’une nouvelle débâcle annoncée: fuite dans la frime, le narcissisme, le règne de la posture, l’esbroufe, les petites phrases, les coups médiatiques et la polémique. Elle reproduit de manière toujours plus caricaturale, les causes profondes de tous les échecs qui empoisonnent la vie publique nationale depuis des décennies: l’écrasement de l’intérêt général par l’obsession des ego. L’écroulement continu de la vie politique est désastreux car de décennie en décennie, il aggrave la fracture démocratique entre la classe dirigeante et les Français. Nul ne sait, à la vitesse à laquelle les événements se précipitent, à quel moment se posera la question d’une reprise en main du pays. Mais une certitude tout de même. Après l’échec du « renouvellement », la question ne se posera plus en termes de simple alternance des hommes et des femmes, mais de transformation d’un système, d’un mode de gouvernement, d’un état d’esprit. Le vrai sujet sera la restauration de la res publica, de l’esprit public. Il faudra abolir le système de l’hyper-présidentialisme, la sublimation médiatisée d’un personnage pour masquer tout le reste, qui pousse un pays à l’abêtissement et l’impuissance collective; en finir avec toute forme de culte de la personnalité pour réhabiliter le bien commun; organiser un débat et une consultation nationale sur la réforme politique; repenser en profondeur le mode de désignation des dirigeants politiques, la démocratie locale, l’équilibre entre les pôles de pouvoirs présidentiels, gouvernementaux, législatifs, judiciaires, nationaux et européens; restaurer les notions de volonté générale, de Gouvernement et de choix en faveur de l’intérêt public; bref réinventer la politique. Dans quelque temps, le pays va se trouver au pied du mur. Il est de notre devoir de s’y préparer à travers une remise en cause globale, une réflexion sur la transformation profonde de la politique française qui s’impose, dans le sens de l’intérêt général, de l’action pour le bien commun et de la démocratie. L’idée n’est pas d’inventer une solution miracle à tous les problèmes – qui n’existe pas – mais de replacer la France sur de bons rails. La grande question n’est plus celle du choix des acteurs mais celle de la règle du jeu. Ouvrir ce chantier devrait être l’objectif prioritaire de l’opposition républicaine.
Maxime TANDONNET