Nos confères du Parisien ont interrogé le procureur de Grenoble sur la situation catastrophique de la ville. Voici les meilleurs extraits de l’entretien.
Sept fusillades en trois semaines à Grenoble, toutes liées au trafic de drogue, comment expliquez-vous cette escalade ?
ÉRIC VAILLANT. Je n’avais pas vu ça depuis ma prise de poste à Grenoble, il y a cinq ans. Des fusillades tous les deux ou trois jours pendant presque un mois. C’est une guerre des gangs intense. Depuis le début de l’année, il y a eu une bonne quinzaine de fusillades avec autant de blessés et un mort, mais la particularité de ces dernières semaines, c’est la densité. Ceci dit, dans cette ville, le trafic est important depuis plusieurs décennies, et à haut niveau à l’échelle de l’Hexagone.
Pourquoi ?
C’est la volonté de caïds (…) qui veulent reprendre la main sur plusieurs points de deal très rémunérateurs, certains représentent 35 000 euros de chiffre d’affaires par jour. Ce sont aussi les actions que nous menons, qui déstabilisent les dealeurs implantés et les fragilisent. En octobre dernier, nous avons jugé 13 dealers, dont les principaux responsables du point de deal du quartier de l’Alma. Ils ont été condamnés à des peines allant jusqu’à huit ans de prison ferme. Quelques semaines plus tard, des fusillades ont éclaté dans ce quartier, déclenchées par des personnes qui voulaient reprendre ce point de vente.
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On innove aussi en collaborant avec la Caisse d’allocations familiales (CAF), c’est une première en France, afin que l’argent gagné illégalement par les délinquants soit réintroduit dans les revenus permettant de calculer les allocations qu’ils reçoivent. Grâce à ce dispositif, 55 trafiquants ont vu leurs allocations diminuées ou supprimées. Nous l’avons étendu en 2023 à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), qui recherche elle aussi des fraudeurs parmi les trafiquants.
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Les trafiquants de Grenoble sont-ils en réseau avec ceux d’autres villes ?
Ils sont plutôt locaux. Ils bénéficient parfois de l’aide de petites mains marseillaises. Actuellement il y a aussi des Nigérians qui arrivent, des Stéphanois qui peuvent descendre. Mais les dealers locaux sont bien implantés. Chez les vendeurs, on voit des gens en situation irrégulière, un peu plus de mineurs, quelques femmes aussi.
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