« Entre la peste et le choléra » ce qui nourrit l’abstentionnisme

L’abstentionnisme est de loin le premier parti de France. Aux dernières législatives partielles parisiennes, il atteignait 85% du corps électoral. La morale politique réprouve l’abstentionnisme. Ses adeptes sont accusés de repli dans l’indifférence et de renoncement à faire valoir leur citoyenneté. L’abstentionnisme dans certains cas n’a pourtant rien de honteux. Quand le système politico-médiatique et le matraquage sondagier s’obstinent à vous imposer une issue électorale unique, à l’image d’un quasi plébiscite des régimes fascistes ou des listes soviétiques, il devient même une forme de résistance. De même, si le seul choix possible lors d’élections territoriales n’est qu’entre la peste et le choléra, deux candidats qui seraient aussi odieux, répugnants, incompétents et lamentables l’un que l’autre, l’abstention devient un acte de courage. Quand on sait que l’une comme l’autre des options imposées débouchera inéluctablement sur un désastre, il est parfaitement légitime de refuser d’être associé à ce désastre. La question n’est pas de recommander l’abstention. Elle est de dire qu’en l’absence de véritable choix, dans certaines hypothèses face à une offre politique défaillante, l’abstentionnisme n’a rien de honteux ni de scandaleux. S’il avait fallu, dans les années 1930-1940, par exemple, choisir entre Doriot et Laval, quelle autre option que l’abstention? Si j’étais électeur en région PACA aujourd’hui, entre deux trahisons aussi minables et grotesques l’une que l’autre, un climat putride de combinaisons obscènes aux effluves mafieux, je n’aurais d’autre choix que celui de l’abstentionnisme, un abstentionnisme non pas honteux mais un abstentionnisme de résistance à la bêtise, à la décadence et à la médiocrité, et dès lors un abstentionnisme fier et revendiqué.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction