Bon. Je sais, je me répète. Je pourrais me taire et ne plus rien écrire pendant quelque temps. « Ceux qui se taisent, les seuls dont la parole compte » écrit Charles Péguy. Le silence n’est-il pas l’attitude la plus adaptée, à un certain niveau d’écoeurement? Je suis dégoûté. Un sondage le Parisien paru hier soir, montre une nouvelle poussée de l’extrême droite (27%) et une fulgurante remontée du parti socialiste (26%), l’opposition se trouvant reléguée au troisième rang. Je ne peux pas supporter l’idée que des idéologues ou des politiciens, d’extrême droite à l’extrême gauche, puisse être traversés par l’idée même de gagner des élections en raison du malheur qui vient de se produire. Il faut dire qu’ils sont si bêtes dans l’opposition. Il semblerait qu’un ténor des Républicains, en réaction contre les attentats islamistes, se soit prononcé pour « l’interdiction des crèches chrétiennes dans les mairies ». Ils sont bêtes, ils sont bêtes, ils sont bêtes, ils ne comprennent rien, Seigneur, qu’ils sont bêtes, incultes, abrutis, inintelligents!… Comment autant de bêtise peut-il espérer revenir au pouvoir? Le matraquage médiatique, du matin au soir, atteint des proportions démentielles, délirantes. Quel rapport tout cela peut-il bien avoir avec une démocratie adulte et responsable? Au lieu de s’interroger sur les causes du drame, sur cette extraordinaire décomposition de la France, de l’Europe, ce renoncement absolu, cette lâcheté fondamentale, digne des heures les plus sombres de l’histoire, des années 1933 à 1940, voilà que nous sommes entrés dans une ère de glorification aveugle et de culte de la personnalité qui prêterait à rire si elle n’était pas aussi tragique. C’est bien simple, les personnages que l’on voit du matin au soir dans les médias à la botte, triomphants, bombant le torse, accaparant l’attention, après ce qui s’est passé, plutôt que de s’interroger modestement sur les raisons et les remèdes, les responsabilités individuelles et collectives, dans l’indifférence et l’apathie générale d’un pays décérébré, donnent une illustration de cynisme qui dépasse tout ce que nous pouvions imaginer. Peuvent-ils vraiment gagner les élections malgré tout ce qui s’est passé? Oui, certes, au prix d’une prodigieuse mystification et après? Après, ce sera pire, et ils ne comprendront que le jour où ils devront payer eux-mêmes, de leur petite personne, jusqu’à ce qu’ils payent de leur propres larmes. Pour la première fois pendant la nuit, moi qui suis un patriote gaulliste, de plus en plus gaulliste, ultra-gaulliste, aussi haineux du lepénisme que du social-narcissisme, je me suis demandé s’il ne fallait pas partir refaire ma vie ailleurs, dans un monde plus digne, ou bien m’acheter une maison perdue dans la campagne, en Dordogne ou dans le Lot, par exemple, cela ne coûte rien… Tenir, moralement, intellectuellement, en lisant, en écrivant, de l’histoire surtout… la France ne se confond pas avec cette nomenklatura hyper-médiatisée, il va falloir se battre, 2017 n’a aucune importance et ne changera sans doute rien, car c’est un combat de long terme pour changer la France de fond en comble.
Maxime TANDONNET