Du jus de choucroute transformé en biogaz

La capitale française de la choucroute, Krautergersheim dans le Bas Rhin, dispose depuis fin 2012 d’une station d’épuration de pointe. Le traitement des eaux usées permet de produire de l’énergie. Mais ce n’est pas tout : un deuxième méthaniseur transforme aussi le jus de choucroute, un résidu de l’industrie choucroutière extrêmement corrosif, en biogaz.

crédit photo : Christophe Hamm, Suez Environnement

Le pari semble folklorique et pourtant le défi technologique a été relevé. La station d’épuration des eaux usées du bassin de l’Ehn située à proximité de Krautergersheim, une commune qui concentre 70% de la production de choucroute française, dispose, depuis la fin 2012, d’un méthaniseur permettant de traiter le jus de choucroute.

L’idée peut faire sourire mais en fait ce résidu de la production choucroutière pose problème car, étant très corrosif, il ne peut être déversé dans le réseau d’assainissement. Avant 2012, les choucroutiers devaient le transporter par camion jusqu’à l’énorme station d’épuration de Strasbourg qui pouvait digérer ce résidu au sein de ses eaux usées. Mais le trajet était long – 80 km – et la solution n’était pas idéale d’un point de vue environnemental. En période haute de production de choucroute, entre août et février, 15 camions apportent leur jus chaque jour. « Traiter le jus de choucroute a été une proposition du SIVOM du bassin de l’Ehn, le syndicat intercommunal propriétaire de la station d’épuration, qui a souhaité proposer une solution technique à l’industrie locale », explique Clément Ritter, porte parole de Suez Environnement qui a conçu et qui exploite la station.

Un méthaniseur perfectionné permet de digérer ces jus et de le transformer en biogaz : 30 millions de litres de jus de choucroute sont ainsi transformés chaque année, soit la charge organique en eaux usées d’une ville de 140 000 habitants.

L’eau rejetée : la plus propre possible

Outre cette spécificité locale, la station d’épuration est dotée d’un digesteur destinée à traiter les eaux usées. Mais, là encore, le procédé est hautement technologique puisqu’un filtre supplémentaire a été posé. « Les eaux usées bénéficient d’un traitement complémentaire par micro-billes en polystyrène qui accrochent les dernières particules afin de rejeter l’eau la plus propre possible. Un point d’autant plus important qu’en période d’étiage, au mois d’octobre, le rejet de la station d’épuration représente la moitié du débit du cours d’eau de l’Ehn », explique Clément Ritter, porte-parole de Suez Environnement.

Plus propre mais aussi productrice d’énergie, la station du bassin de l’Ehn fait subir un traitement thermique aux boues d’épuration tel qu’elles acquièrent presque le pouvoir combustible du bois. Pour le moment, la production énergétique de la station d’épuration, qui provient à la fois du jus de choucroute et des boues, parvient à couvrir 76 % des besoins énergétiques de la station. Chaque année, la station produit 3220 MégaWatt-Heure, soit la consommation énergétique de 1 000 foyers français. « La philosophie de la station d’épuration est que tout ce qui y entre doit être une matière à valoriser », ajoute Clément Ritter. Même le sable qui provient des eaux usées est lavé et recyclé pour être utilisé comme matériau de remblai pour les routes…

En chiffres

23 millions d’euros : coût de la station d’épuration du bassin de l’Ehn, dont 9,9 millions de subventions de l’Agence de l’eau Rhin- Meuse, du Conseil Général du Bas-Rhin et du Fonds Européen de Développement Régional.
– 30 millions de litres de jus de choucroute traités dans la station chaque année, soit l’équivalent de la charge organique en eaux usées d’une ville de 140 000 habitants
76%, c’est la part des besoins en énergie de la station d’épuration qui est couverte par la production énergétique du traitement des eaux usées et du jus de choucroute
– 3220 Mégawatt-Heure de biogaz produit sur un an, soit l’équivalent à la consommation en énergie de 1000 foyers

Author: Redaction