On dit souvent, à juste titre, qu’il ne faut pas abuser des termes totalitaire, totalitarisme tant ils renvoient à des heures sombres de l’histoire. Mais de fait, sans la moindre exagération, notre époque est belle et bien, à sa manière, de nature totalitaire. Ce n’est pas un totalitarisme sous la forme des systèmes totalitaires du XXe siècle, en tout cas pour l’instant, avec des camps de concentration, des persécutions physiques d’opposants politiques. C’est un totalitarisme moins sanglant que jadis, mais épouvantablement bête, stupide, entièrement fondé sur l’abêtissement de la société. Il procède d’une idéologie unique oppressante, massive, envahissante, répressive, qui ne tolère pas la moindre dissidence. La pensée totalitaire nie la vie privée, la vie intérieure, et veut s’ingérer dans les moindres aspects de la vie intime de l’individu. Il y a quelques jours on a eu le psychodrame national autour de la stigmatisation du barbecue machiste d’une certaine Mme S. R. Rarement une polémique n’est partie d’une déclaration aussi abominablement stupide et sectaire. Bientôt le barbecue, symbole de loisir familial et amical, interdit pour cause de machisme? Et puis cette déferlante de déclarations gouvernementales destinée à régenter ou moraliser les comportements individuels face à l’usage de l’énergie: chauffage à 19 °, etc. Mais surtout, autre signe patent d’une dérive totalitaire: notre époque bannit l’humour, et ce bannissement est le signe le plus élémentaire, le plus évident de la poussée totalitaire. Voyez cette histoire hallucinante de crétinerie médiatique, le gigantesque pataquès, impliquant les plus hautes autorités de l’Etat en raison de la blague de l’entraîneur du PSG à qui était reproché le déplacement de ses joueurs en avion: « pourquoi pas en char à voile ». Vertigineux tollé universel sur toutes les ondes et colère au plus haut niveau de l’Etat: pour cette plaisanterie, il a dû s’excuser – confession publique. Les belles consciences: « c’est trop grave pour en rire ». Il y a sept ans, ces mêmes belles consciences proclamaient la main sur le coeur, au nom du « Je suis Charlie », qu’on avait le droit de rire de tout, absolument tout. Bêtise, hypocrisie, tartufferie. Au nom de la vérité scientifique, face au bien climatiste et wokiste, l’idéologie unique, il est strictement interdit de rire sinon de sourire. Sous peine de stigmatisation publique. La France n’est pas seulement sur une mauvaise pente, elle est sur une pente terrifiante: celle de la bêtise totalitaire.
MT