Seul le prononcé fait foi
Madame la Ministre,
Messieurs les ministres,
Messieurs les parlementaires,
Monsieur l’Ambassadeur de Chine en France,
Monsieur le Gouverneur de la province du Hubei,
Monsieur le Secrétaire du Parti adjoint de la province du Hubei et secrétaire du Parti de la municipalité de Wuhan,
Monsieur le Vice-Gouverneur de la province du Hubei,
Monsieur le Maire de Wuhan,
Mesdames et Messieurs,
Le Hubei, connu comme la « province aux mille lacs », est aussi la plus francophone des provinces chinoises. Je suis très heureux de me trouver à Wuhan, parfois appelé la « petite France » de Chine, où se bâtira bientôt une ville durable fondée sur la coopération franco-chinoise.
Si Wuhan nous est apparue comme la ville idéale pour réaliser ce projet, c’est d’abord parce qu’elle est une ville en pleine croissance et où les entreprises françaises jouent de longue date un rôle important.
Depuis l’arrivée pionnière de Citroën en 1992, près d’une centaine d’entreprises françaises ont choisi de s’implanter à Wuhan. Les deux grands champions de notre industrie automobile parient à juste titre sur le développement de votre ville. RENAULT a inauguré en février son usine exploitée en joint-venture avec DONGFENG MOTORS. Le Groupe PSA a quant à lui établi en 2016 à Wuhan son siège pour la Chine et l’Asie du Sud-Est.
Outre l’automobile, plusieurs secteurs emblématiques de l’industrie française sont bien représentés ici : les transports avec KEOLIS, l’énergie avec EDF, l’eau avec SUEZ ou encore la chimie avec Air Liquide et SANOFI.
J’ajoute que la vitalité de la ville de Wuhan , que je découvre, fait forte impression puisque sa croissance était de 8% en 2016. Son expansion est favorisée par sa situation géographique privilégiée, qui fait d’elle un carrefour pour la circulation des hommes et des marchandises, à l’intérieur de la Chine mais aussi vers l’extérieur. Depuis 2012, la ligne Air France qui relie Paris et Wuhan a ainsi facilité l’implantation de nombreuses entreprises françaises et a incité les touristes chinois venus du Hubei, du Hunan et du Jiangxi à découvrir la France.
Wuhan dispose en outre de nombreux atouts qui expliquent le choix de créer ici une ville durable.
Whuhan est une ville ouverte à la science et à la technologie. J’ai visité ce matin le premier laboratoire de haute sécurité biologique en Asie, de classe « P4″, dont la maîtrise d’ouvrage avait été confiée à des sociétés françaises. Cette réalisation résulte de notre accord intergouvernemental de 2004 pour la lutte contre les maladies infectieuses émergentes. Votre ville se trouve ainsi doté d’un équipement scientifique de très haut niveau, comme il en existe peu ailleurs dans le monde.
Wuhan est une ville dotée de capacités industrielles exceptionnelles. Elle est en effet l’une des sept zones pilotes nationales pour les véhicules intelligents, notamment électriques. Le pôle automobile franco-chinois de Wuhan sera une vitrine de l’excellence technologique française et chinoise, de l’ »Industrie du futur » et du plan « Made in China 2025 ». J’ai prévu de découvrir certaines de ces réalisations tout à l’heure, lors de ma visite de Caidian.
Nous disposons enfin ici de toute l’expertise nécessaire pour mener à bien ce projet.
L’Institut sino-européen, coordonné par ParisTech, monte chaque année en puissance. Il réunit des entreprises françaises et chinoises qui sont à la pointe du progrès et de la technologie en matière d’énergies propres et d’énergies renouvelables.
Nous sommes heureux de constater, par ailleurs, que de nombreux étudiants chinois du Hubei choisissent chaque année de venir poursuivre leur formation en France, grâce aux multiples accords de coopération qui existent entre nos établissements supérieurs. L’apprentissage de la langue française s’est développé fortement dans la région afin notamment de répondre à leurs besoins. Le département de français de l’université de Wuhan est ainsi une référence pour la qualité de ses enseignants et de ses chercheurs. Cette même université abrite depuis vingt ans une filière médicale francophone d’excellence, en coopération avec l’Université de Lorraine et le Centre hospitalier universitaire de Nancy. La ministre française de la Santé, Mme Marisol TOURAINE, visitera cet après-midi l’hôpital Zhongnan.
La France et la Chine ont choisi d’exploiter ces atouts pour promouvoir ensemble, à Wuhan, un modèle urbain de développement innovant, celui de ville durable.
La Chine a démontré lors la Conférence de Paris sur le climat son engagement à placer les questions environnementales au cœur de son projet de développement. A cette occasion, nous avons abouti à un accord ambitieux et contraignant permettant de limiter l’augmentation de la température mondiale de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. La ratification de l’accord de Paris par le président XI Jinping, en septembre dernier, a donné une impulsion décisive pour son entrée en vigueur.
La France a montré pour sa part qu’elle était un pays pionnier en matière environnementale. Elle a adopté en 2015 une grande loi sur la transition énergétique et la croissance verte. Le développement d’une urbanisation respectueuse de l’environnement est au cœur de son modèle de transition énergétique.
C’est dans cet esprit que la France et la Chine s’engagent aujourd’hui dans le projet de villes durables et sobres en carbone. Il s’agit de repenser la ville pour la rendre plus résiliente, capable de faire face aux défis du changement climatique et de contribuer à la lutte contre l’effet de serre.
Pour bâtir une ville durable, nous devons aborder de façon coordonnée un grand nombre de sujets : la planification urbaine et le logement, les transports propres, l’énergie décarbonée, le traitement de l’eau et des déchets, les services urbains, le patrimoine et de la culture, ou encore l’éducation. Aucun de ces aspects ne doit être négligé.
Notre objectif doit être de créer ici ensemble un véritable laboratoire de la ville durable, qui pourra par la suite inspirer d’autres projets de développement urbain en France, en Chine, et dans le reste du monde.
Le projet de ville durable franco-chinoise de Wuhan se trouve aujourd’hui à un tournant. La signature en mars 2014 d’une lettre d’intention intergouvernementale en présence des chefs d’Etats français et chinois a donné un nouvel élan à ce projet. Il s’agit à présent de le concrétiser.
L’Agence française de développement (AFD) a financé en 2015 une mission d’experts dont les recommandations ont permis à des spécialistes français et chinois de préparer ensemble un document pour planifier l’édification de cette ville. Si ce projet est bien entendu conçu en fonction du contexte chinois, il porte également la marque de la conception française de la ville durable. Il met à ce titre l’accent sur la mixité de l’habitat, sur les transports verts, ainsi que sur la valorisation de la biodiversité.
Ce projet consiste aussi à stimuler le développement économique de cette ville et son attractivité, afin d’accroître ses capacités d’innovation. Cet objectif sera notamment atteint en encourageant le développement d’entreprises franco-chinoises qui pourront tirer profit de l’expertise et de l’excellence technologique de nos deux pays.
L’inclusion de cette ville durable dans la zone de libre-échange que la province du Hubei est en train de créer offrira en outre un contexte favorable à son développement.
Mais une ville durable doit aussi se matérialiser à travers des projets concrets et exemplaires, à l’image de ce qui est prévu à Caidian. Je pense notamment à l’installation d’un système d’éclairage intelligent permettant d’économiser 30% d’énergie ; à l’instauration d’un bilan carbone permettant d’évaluer, pour la réduire, l’empreinte environnementale de la ville ; à l’aménagement du lac SHI, à sa restauration écologique et à sa valorisation ; ou encore à la création d’un réseau de tramways. Il faudra construire en outre des réseaux souterrains intégrés pour une meilleure distribution de l’eau potable et de l’énergie. Et comme la ville durable doit respecter des normes environnementales rigoureuses, vous avez, je le sais, le projet d’installer à Caidian un centre de certification qui garantira l’exemplarité des constructions.
Une ville durable comme celle dont nous avons le projet ici aura besoin d‘acteurs privés dynamiques, prêts à investir et à innover.
Je veux saluer ici l’engagement des entreprises françaises, car plusieurs d’entre elles ont déjà noué des liens particuliers avec des partenaires chinois pour travailler ensemble dans la ville durable. Je pense aux groupes AREP, KEOLIS, RENAULT pour les transports publics et la mobilité ; à EDF, pour l’énergie et l’éclairage public ; à SUEZ et à BIOTOPE pour l’environnement et la réhabilitation écologique ; à Bureau Veritas dans le domaine des normes et de la certification ; à ECIC et Internat Energy pour l’évaluation des émissions de carbone. Et enfin à des agences d’architecture telles qu’Arte Charpentier, Architecture Studio et Denis LAMING, qui sont prêtes à concevoir à Caidian les bâtiments de l’avenir.
Il me semble important, pour la réussite de notre projet commun, que ces entreprises soient régulièrement tenues informées des réflexions des autorités locales, en amont des initiatives qu’elles s’apprêtent à lancer, de façon à pouvoir y contribuer de la façon la plus utile.
Ce projet de ville durable doit aussi bénéficier du soutien sans faille des autorités françaises et chinoises.
C’est afin de manifester ce soutien et de faciliter notre dialogue que nous avons désigné Gérard WOLF comme fédérateur, pour la partie française, pour la ville durable. Je suis heureux de pouvoir vous le présenter aujourd’hui et de vous annoncer qu’il reviendra au mois d’avril prochain pour le comité de pilotage du projet.
De son côté, l’AFD pourrait participer au financement de certains de ces projets dans le cadre de son mandat de promotion des villes sobres en carbone, pour des projets dont l’attribution des marchés fera l’objet d’une mise en concurrence.
Enfin comme chaque année, depuis 2014, un forum franco-chinois sur la ville durable, réunissant les acteurs français et chinois se tiendra à l’automne prochain.
Toutes les conditions sont donc réunies pour concrétiser ce projet exemplaire qui portera la marque de l’amitié franco-chinoise. Je forme le vœu que ma visite dans votre ville contribue à lui donner corps et débouche sur de nombreux partenariats entre les entreprises et les institutions françaises et chinoises qui y participent.
C’est à vous tous – décideurs politiques ou chefs d’entreprises, experts, chercheurs, étudiants – réunis à Wuhan aujourd’hui, qu’il appartient désormais d’être les artisans de cette ambition et de construire ensemble la ville de demain.
Je vous remercie.
Discours du Premier ministre lors de la réunion de promotion internationale de la ville durable franco-chinoise de Wuhan