Monsieur le ministre, cher Bernard Cazeneuve,
Monsieur le député, cher Carlos Da Silva,
Monsieur le président du Conseil départemental,
Monsieur le préfet,
Monsieur le maire, cher Francis Chouat,
Messieurs les maires, chers Stéphane Beaudet et Stéphane Raffalli,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le directeur général de la Police nationale,
Monsieur le directeur central de la Sécurité publique,
Monsieur le directeur départemental de la Sécurité publique,
Monsieur le procureur,
Mesdames et messieurs,
Nous sommes à vos côtés aujourd’hui, avec le ministre de l’Intérieur, pour l’inauguration de cette extension de l’Hôtel de Police. Un projet qui montre l’engagement des pouvoirs publics, qui montre l’engagement du gouvernement pour que les forces de l’ordre disposent des moyens adaptés à leur mission.
Chaque jour, chaque nuit, les policiers, les gendarmes, dans ce département comme ailleurs, accomplissent ce travail admirable qui est de protéger nos concitoyens. Et c’est pour cela qu’hier, dans la cour de la préfecture de police de Paris, le président de la République a voulu une nouvelle fois dire toute la gratitude de la Nation à nos forces de l’ordre. Il a rendu hommage à votre courage, à votre dévouement qu’avec Bernard Cazeneuve nous connaissons si bien.
Vous tous, forces de sécurité, incarnez l’ordre républicain ; vous symbolisez la force de nos lois, celle de la République. Vous êtes ce rempart implacable contre tout ce qui pourrait venir contester les fondements même de notre société.
C’est pour cette raison qu’hier, dans le 18ème arrondissement de Paris, vos collègues ont été une nouvelle fois la cible d’une attaque terroriste : parce que vous êtes la République, parce que votre uniforme – comme celui des militaires – porte nos couleurs et dit quelles sont nos valeurs, vous êtes nécessairement en première ligne. Contester la République, contester l’autorité de l’État, c’est contester votre autorité. Viser la France, c’est vous viser ; et vous viser, c’est viser la France.
Nous sommes ici aujourd’hui pour vous dire que tous nos compatriotes sont derrière vous, qu’ils vous soutiennent, que vous êtes pour eux tous un motif de très grande fierté. Et si notre Nation est debout, si notre pays tient bon face à l’épreuve et à la menace et après cette année terrible, c’est pour beaucoup grâce à votre action, grâce à votre engagement.
Attaqués, vos collègues du 18ème arrondissement ont réagi avec la lucidité et le sang-froid qui s’imposaient. Et je veux en notre nom à tous – comme l’a fait sur place Bernard Cazeneuve – leur dire tout notre soutien et toute notre solidarité.
La gratitude que la Nation vous exprime se voit par les mots, les gestes, par cet élan d’admiration si palpable le 11 janvier dernier. Cette gratitude, ce respect qui ont parfois étonné et que vous, vous avez pleinement ressentis impliquent aussi de toujours veiller à vos conditions de travail. Si ce projet de nouveau bâtiment a pu aboutir, c’est grâce à la volonté et à la détermination de tous. Je crois que nous pouvons être satisfaits du résultat et nous allons continuer : d’autres travaux sont prévus dans les mois qui viennent, en particulier la rénovation du stand de tir.
Ce nouveau bâtiment a permis de redéployer l’état-major de la Direction départementale de la Sécurité publique de l’Essonne. Il répond surtout, nous l’avons vu, aux exigences d’une police moderne. Tout d’abord avec des locaux de garde-à-vue garantissant les droits des personnes interpellées et de meilleures conditions de sécurité pour les policiers. Pour ceux qui connaissaient les locaux d’avant, ils voient bien évidemment les évolutions.
Il y a aussi ce centre d’information et de commandement beaucoup plus fonctionnel, avec des outils techniques plus performants pour analyser rapidement les informations et évaluer immédiatement le degré d’urgence ; monsieur le directeur départemental nous l’a expliqué de manière très précise.
Le CIC d’Evry gère désormais tous les appels passés au 17 Police secours depuis les 14 circonscriptions de police de l’Essonne. Grâce au système Pégase, dont nous avons pu mesurer tout l’intérêt il y a quelques minutes, il peut également localiser pratiquement l’ensemble des véhicules de police en patrouille et les orienter en fonction des événements.
Vous tous le savez : chaque seconde compte. Plus de réactivité, d’efficacité, c’est plus de sécurité pour les victimes et les personnels qui interviennent. C’est aussi plus de chances d’interpeller les auteurs d’infractions. L’interopérabilité des réseaux radio du CIC, de la DDSP de l’Essonne et des polices municipales d’Evry-Courcouronnes et Ris-Orangis obéit à la même logique. Cette initiative, monsieur le ministre, mérite d’être saluée, c’est un exemple à suivre.
J’ai beaucoup appris bien sûr de toutes ces questions de sécurité grâce à l’action que nous avons menée ici, à Evry, poursuivie par Francis Chouat. Nous avons beaucoup appris aussi du travail que les villes d’Evry et de Courcouronnes, avec Stéphane Beaudet, ont pu mener. Nous avons mis en place une police municipale d’une cinquantaine d’effectifs, sous la conduite de Philippe Poupeau, qui était d’ailleurs hier dans la cour de la préfecture de police de Paris, puisque les polices municipales sont bien sûr également concernées par cet engagement pour la sécurité de nos concitoyens. Des polices municipales dans de nouveaux locaux, formées, armées et qui participent de la protection de nos concitoyens. C’est grâce à cette expérience de terrain que j’ai pu aussi mener l’action qui a été la mienne place Beauvau.
A ce jour, cela nous a été rappelé, grâce à un programme ambitieux de modernisation, 47 directions départementales de police sont dotées d’un tel centre d’information et de commandement. D’autres projets sont à l’étude : regroupement des fonctions d’appel d’urgence entre les différents services de secours, police, gendarmerie, pompiers, SAMU ; mutualisation au niveau de certains départements ; usage interactif de supports de communication publique pour faciliter les échanges avec la population. Tout cela, ce sont les marques d’une police qui sait s’adapter aux exigences de son époque.
Ce nouveau bâtiment souligne donc la modernité de la police ; il montre surtout combien nous avons fait de la sécurité des Français une priorité. C’est vrai à Evry et dans l’Essonne, c’est vrai sur l’ensemble du territoire. Depuis 2012, c’était l’engagement du président de la République, nous avons mis fin à la diminution du budget de la police nationale, nous l’avons même augmenté. Cet effort se traduit par des investissements immobiliers comme celui-ci, par la remise à niveau du parc automobile – c’est l’une de vos priorités, cher Bernard Cazeneuve : 2 000 véhicules neufs en 2015, 2 000 également en 2016.
Cet effort se traduit également par de nouveaux équipements, armements et moyens de protection mieux adaptés – nous venons d’en parler avec l’un d’entre vous – à la nature et au risque de vos missions. En tout, les crédits d’équipement, d’investissement et de fonctionnement de la police nationale ont augmenté de 4 % en 2015 ; en 2016, cette hausse sera de 13,4 %. En 4 ans, le budget de la police – hors dépenses liées au personnel – aura augmenté de plus de 15 %.
Le Pacte de sécurité annoncé le 16 novembre par le président de la République devant le Parlement réuni en Congrès a donné une ampleur sans précédent aux efforts déjà entrepris. 5 000 nouveaux emplois vont être créés au ministère de l’Intérieur en 2016 et 2017 ; 900 d’entre eux rejoindront la Direction centrale de la Sécurité publique, dont 450 dès cette année. En tout, entre 2012 et 2017, près de 9 000 postes – le président de la République le rappelait hier – auront été créés au sein des forces de sécurité.
Cet effort est considérable ; il est indispensable, il est à la hauteur des exigences de la Nation. D’abord, pour faire face à la menace terroriste, pour lutter sans relâche contre les individus, contre les groupes djihadistes, contre l’islamisme radical qui ont décidé de frapper notre Nation, de s’en prendre à notre démocratie, à nos principes, à notre mode de vie, à notre art de vivre. Le rôle des services de renseignement – DGSI et SCRT – est à cet égard déterminant.
Nous avons besoin – et le ministre de l’Intérieur poursuit ce travail – de services de renseignement au plus proche de la réalité du terrain. Et nous savons d’ailleurs combien ici, dans un département comme celui de l’Essonne, a pu coûter la disparition des renseignements généraux ; parce que nous avons besoin au fond d’avoir en permanence cette sensibilité, la remontée de ces informations indispensables pour lutter aussi bien contre le terrorisme que contre la criminalité organisée.
Assurer la sécurité des Français, c’est aussi lutter contre les violences, la délinquance, les trafics ; c’est la mission de la police judiciaire, qui dispose d’une antenne dans cet Hôtel de Police. Mais c’est bien sûr surtout la mission de la Sécurité publique. Cette mission est parfois peu visible, elle peut parfois apparaître ingrate, mais elle est essentielle pour nos concitoyens, notamment dans les quartiers populaires d’Evry, de Courcouronnes, de Corbeil, de Ris-Orangis, de Grigny ou de Massy.
C’est tout à fait essentiel que nous concentrions nos efforts là où nos concitoyens connaissent déjà d’autres problèmes : en dehors des transports, chômage parfois, difficulté de boucler les fins de mois se rajoutaient et se rajoutent les problèmes de sécurité. L’effort qui a été fait par l’État, mais aussi par les collectivités – et je n’oublie pas le rôle que peuvent avoir la région et le département – y participe, notamment pour ce qui concerne les transports.
J’ai rencontré hier d’ailleurs la présidente du Conseil régional Valérie Pécresse ; nous en parlerons aussi avec vous, avec le vice-président chargé des transports – qui est également Stéphane Beaudet ! – pour avancer sur cette idée de police des transports, avec les moyens qui sont ceux de la SNCF, de la RATP mais évidemment de l’État, tout cela en concordance avec le travail qui est engagé par le ministre de l’Intérieur.
Au fond, quand on sait se rassembler, s’unir, mettre toutes les intelligences du bon côté, on peut être encore plus efficace pour assurer – et c’est la priorité – la sécurité de nos concitoyens ; et rendre aussi plus facile le travail des forces de l’ordre.
Mesdames, messieurs,
Exercer le métier de policier est exigeant et difficile : 24 heures sur 24, sept jours sur sept, vous êtes confrontés à ce que notre société a de plus dur. Et nous avons pleinement conscience de combien vous êtes sollicités depuis plusieurs mois, notamment après le passage au niveau « alerte attentat » du plan Vigipirate et la mise en place de l’état d’urgence le 13 novembre dernier. Je tiens à rendre hommage à tous les policiers municipaux et militaires de la force Sentinelle, représentés aujourd’hui, qui œuvrent au quotidien à vos côtés pour protéger nos compatriotes.
Nous connaissons les risques – et Bernard Cazeneuve les mesure tous les jours – que vous prenez au péril de votre sécurité et de votre vie. A ce titre, Franck Brinsolaro, Ahmed Merabet et Clarissa Jean-Philippe, abattus il y a un an, font votre honneur. Leurs noms sont les synonymes de votre bravoure, tout comme Yann Saillour, votre collègue de la BAC de Saint-Denis qui poursuit son rétablissement et que le ministre de l’Intérieur visite régulièrement.
Je pense aussi à vos collègues blessés après l’attaque commise contre le commissariat de Joué-lès-Tours, le 20 décembre 2014 ; ou à votre collègue Samuel Gallet, mort le 15 décembre dernier à Berck-sur-Mer à la suite d’une intervention. Nous venons de nous entretenir avec vos collègues Antoinette Lebel, Hervé Rodriguez et Emmanuel Guilon ; nous avons voulu les saluer et saluer leur engagement, leur courage, leur bravoure. Ils font honneur à la police.
Exercer le métier de policier est exigeant et difficile, et votre engagement, votre courage font que l’institution qu’est la Police nationale bénéficie, monsieur le directeur général, de la confiance totale des Français. Cette confiance est une belle et lourde responsabilité. Le 22 octobre dernier, le chef de l’Etat reçu les responsables des organisations syndicales policières représentatives. Et soyez assurés que les engagements qu’il a pris à cette occasion seront tenus. Ainsi, des travaux sont en cours en matière de revalorisation des carrières et un certain nombre d’initiatives ont été prises sur le plan juridique, notamment afin de simplifier une procédure pénale devenue, au fil du temps, trop complexe.
C’est l’un des axes du projet de loi pénale préparé par la garde des Sceaux, le ministre de l’Intérieur et le ministre des Finances, actuellement soumis à l’examen du Conseil d’État et dont j’ai présenté les grandes orientations devant la presse le 23 décembre dernier. Ce texte, vous le savez, vise à conforter la place et le rôle de l’autorité judiciaire dans la conduite des enquêtes en matière de criminalité organisée. Il renforce les pouvoirs d’investigation des magistrats enquêteurs, mais aussi les garanties procédurales essentielles.
Ces nouveaux outils juridiques demandés par les magistrats – comme par les policiers et les gendarmes – viendront conforter le travail quotidien que les forces de l’ordre et la justice mènent ensemble pour la sécurité des Français.
Et nous pensons que la sécurité est la première des libertés, que la sécurité n’est en rien contradictoire avec la protection des libertés et de l’Etat de droit, au contraire. Sortons de ces faux débats largement dépassés. Je connais d’ailleurs ces questions depuis longtemps, quand nous avons mis en place, monsieur le ministre de l’Intérieur, dans cette ville, la vidéo-protection, quand nous l’avons étendue, elle va l’être encore. On nous accusait de mettre en cause les libertés publiques, alors que l’on est maire avec le sens de l’État de droit, des libertés publiques, que l’on associe d’ailleurs les citoyens, les comités de quartier, que l’efficacité n’est plus à démontrer auprès des citoyens dans les villes, dans l’espace public, dans les grands centres commerciaux ou sur les transports.
Que demandent nos concitoyens ? Ils demandent de l’autorité, ils demandent de la sécurité, ils attendent de nous que nous assurions pleinement leur protection, parce que la sécurité est au cœur de la République, de ses valeurs que vous défendez. Et si la police a été, je le rappelais il y a un instant, comme les gendarmes, comme les militaires, saluée, embrassée le 11 janvier, s’il y a cette confiance, c’est parce que dans ces moments de doute, de troubles, de vacillements que le monde, l’Europe et la France ont pu connaître, vous incarnez l’Etat, vous incarnez la France, vous incarnez la République et ses valeurs.
Mesdames et messieurs,
Comme ancien maire d’Evry, comme ancien ministre de l’Intérieur, comme Premier ministre et toujours comme élu de cette ville, modeste conseiller municipal, je sais tout ce que la population de ce département de l’Essonne vous doit. Cet Hôtel de Police rénové – et il y a encore des travaux à mener – c’est l’assurance pour vous de répondre mieux encore à ses attentes. La force de la police nationale, c’est son unité, sa cohésion, son professionnalisme.
Avec Bernard Cazeneuve, qui a le sens de l’État, de la précision, un grand ministre de l’Intérieur qui est votre ministre, qui vous apprécie et qui sait quelle est la nature de votre engagement – et un ministre de l’Intérieur se doit d’être près de ses hommes, de ses femmes qui sont engagés sur le terrain –, nous savons combien, quels que soient vos grades et vos fonctions, vous avez à cœur de servir, sans rien ignorer bien sûr des difficultés, des tensions.
Et en étant parmi vous aujourd’hui, au début de cette nouvelle année 2016, avec les immenses défis qui nous attendent, face à une menace terroriste sans équivalent – et nous savons qu’elle est malheureusement présente – c’est un message de très grande reconnaissance, d’admiration, de très grande confiance, d’affection que nous voulions vous délivrer.
Vive la République et vive la France.
Discours du Premier ministre à l’inauguration de l’Hôtel de Police