Des œillères

imagesCA9Q0XURIl existe des lois naturelles, des mécanismes sous-jacents à la vie politique et sociale qui n’expliquent pas tout, loin de là, mais peuvent aider à comprendre les évènements que nous vivons. Le père de la sociologie, Emile Durkheim voulait « étudier les faits sociaux comme des choses ». Cette approche a l’inconvénient de passer sous silence le côté imprévisible et insaisissable de la nature humaine, mais elle fournit des pistes pour comprendre une partie de la réalité. Nous vivons une épouvantable crise politique en France, dans un climat de cécité générale. La cote présidentielle, qui reflète l’image des dirigeants du pays, poursuit mois après mois sa plongée aux enfers (24%, selon le Point de cette semaine, encore -3%).  Le vote protestataire qui cristallise la colère envers la classe politique bénéficie d’un engouement sans précédent dans l’histoire politique récente (Brignoles). En temps ordinaire, dans un système démocratique normal, un gouvernement responsable qui échoue est renversé par le Parlement ou il démissionne. Mais notre régime politique est bloqué, assurant 5 ans de survie et d’intouchabilité au pouvoir en place, quels que soient la faillite de sa politique et son échec face aux difficultés et aux angoisses populaires. Cette immobilité, sédimentation, paralysie « de la France d’en haut » se traduit, dans une logique de vases communicants, par une violente et désastreuse implosion de la communauté nationale. La crise qui ne se produit pas au niveau supérieur bat son plein dans la société civile. Si nous étions gouvernés par des hommes d’Etat, ils le sentiraient et, malgré l’excessive et dangereuse rigidité des institutions, provoqueraient d’une manière ou d’une autre, par un choix politique, au risque de perdre leurs fauteuils moelleux, un séisme salutaire. Mais nous avons à notre tête des politiciens aux œillères, avant tout attachés à leur gloriole et à leurs privilèges, prêts à laisser l’univers s’effondrer pour garder la place. Nous qui ne sommes pas dupes, ni du pouvoir en place, ni des fausses alternatives qui semblent émerger en ce moment, ni de la propagande médiatique, nous souffrons dans notre chair, pour notre pauvre pays et surtout pour l’avenir de nos enfants.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction