Des chèvres au secours d’une zone humide

Site d’intérêt écologique majeur du Parc naturel régional de Millevaches, la tourbière, située sur la commune de Peyrelevade en Corrèze, au bord de l’étang de Servières et les 10 hectares qui entourent le point d’eau ont été désignés, en 2007, site Natura 2000. L’objectif était de restaurer cette zone humide tourbeuse en mauvais état de conservation.

Qu’y a-t-il de commun entre EDF, un éleveur caprin et le Parc naturel régional de Millevaches ? A priori rien. Et pourtant, ces trois acteurs se trouvent réunis afin de restaurer et d’entretenir une tourbière en Corrèze située au bord de l’étang de Servières. EDF est propriétaire des terres puisque l’entreprise y détient un petit barrage. Mais, cette zone a été identifiée comme un site d’intérêt écologique majeur dès la création du parc naturel régional de Millevaches en 2005, puis désignée site Natura 2000 en 2007.

Un premier contrat a été alors signé avec EDF et un éleveur caprin afin de restaurer le site qui n’avait pas été entretenu et était en voie d’assèchement. A l’hiver 2011, de gros travaux de restauration du milieu, en particulier de bûcheronnage, ont été effectués sur la rive droite de l’étang. « Nous avons coupé des arbres, et fait poser une clôture tout autour de la parcelle, explique Cyril Laborde, chargé de mission Natura 2000. Nous avons creusé cinq mares. Ainsi les milieux tourbeux acides reprennent vie ». Les résultats ont été rapides et ont pu être évalués de façon précise car un suivi de la flore avait été effectué en 2006 et un nouvel inventaire a été mené en 2014. « Il est notable que la flore a évolué vers des cortèges d’espèces des milieux tourbeux et des bas-marais, ce qui était l’un des buts visé dans le document d’objectifs du site, précise Cyril Laborde. La diversité végétale a augmenté de façon significative passant de 15 espèces en moyenne à plus de 20. Nous avons relevé des sphaignes, des utriculaires et divers Carex typiques des milieux tourbeux ». Autre point marquant, l’apparition d’une espèce protégée : la Drosera à feuilles rondes.

39 chèvres viennent y brouter

Restaurée, la zone est désormais régulièrement entretenue par un éleveur qui vient y faire brouter ses 39 chèvres 30 jours par an. Un cheval et un poney sont aussi amenés sur le site. « Nous sommes satisfaits de la pression de pâturage qui a été mise en place mais nous pourrions l’accentuer. Mais, il est difficile d’amener des bêtes dans ces milieux tourbeux longtemps dépréciés », affirme Cyril Laborde, chargé de mission auprès du Parc Naturel.

La collaboration au sein du site Natura 2000 est un succès qui en amène d’autres. Depuis que l’étang est visible de la route, la commune de Peyrelevade a choisi de mettre en valeur cette zone : un sentier de randonnée va être créé tout autour de l’étang qui mènera à un four à pain récemment restauré. Ce milieu ré-ouvert s’ouvre désormais aux riverains.

La moule perlière se porte bien !

Bonne nouvelle, la moule perlière, une espèce en danger critique d’extinction selon l’UICN (Union internationale pour la Conservation de la Nature) et protégée en France, apprécie les eaux de la Vienne. « On la retrouve sur 65 kms de linéaire en amont et en aval du barrage EDF et surtout elle s’y reproduit grâce à la bonne qualité des eaux et à la présence abondante de la truite fario », explique Cyril Laborde, chargé de mission Natura 2000. Car la vie de la moule perlière a tout d’une épopée puisqu’elle commence sa vie, à l’état de larve, en s’accrochant aux branchies d’une truite fario pendant 1 année avant de tomber dans l’eau et de trouver un substrat favorable comme du gravier pour y vivre tranquillement un à deux siècles… Plus de 2900 individus ont pu être comptabilisés sur des sites test dans la Vienne, notamment des juvéniles. Un fait tout à fait exceptionnel puisque si la moule perlière est encore présente sur 100 cours d’eau en France, elle ne se reproduit plus que dans 5 d’entre eux.

En chiffres :

> Un site de 15 hectares dont 5 hectares de plan d’eau
> 30 000 euros, montant des travaux réalisés sur la rive droite de l’étang de Servières
> 39 chèvres, 1 cheval, 1 poney assurent l’entretien du milieu 30 jours par an

Author: Redaction