Voici ma dernière contribution au Figaro vox, consacrée au discours de Lille du président Sarkozy. Dans ce papier, je dis exactement ce que je pense, au mot près, comme toujours. C’est un beau discours à tonalité gaullienne, qui dépasse les seules questions économiques pour parler de la France. Mais en même temps, il ne répond pas vraiment à mon attente en ne donnant aucune piste, orientation sur ce qu’il ferait, concrètement, s’il était élu président, sur la pratique des institutions, le fonctionnement de l’Etat, l’Europe, la sécurité, l’immigration, le social. Or, dans le climat de l’effroyable crise de crédibilité de la politique, c’est uniquement là-dessus que les politiques sont attendus désormais, non sur les paroles mais sur la détermination à agir. Une question: va-t-on enfin sortir du système des « présidents-lapins » a l’affût de tous les coups foireux possibles et imaginables pour faire parler d’eux et apparaître dans le petit écran. Va-t-on restaurer la Cinquième République, autour d’un chef de l’Etat qui préside, d’un gouvernement qui gouverne et d’une Assemblée respectée et souveraine? La France vit un moment de chaos épouvantable. Les dirigeants en sont les seuls responsables: après la débâcle de déchéance de la nationalité, le pays bloqué par une multitude de mouvements sociaux pour des réformes devenues totalement inutiles, honteusement menées (49-3) et dont il ne reste déjà plus rien. Il est scandaleux, monstrueux qu’un pouvoir qui a mené le pays dans cet état soit toujours en place et se maintienne. Tout système politique privé de mécanismes de responsabilité et de sanction, quand les dirigeants ne se comportent pas dignement, conduit à l’apocalypse. Le fond du problème – j’y reviens toujours car c’est le fond du problème – c’est la dictature des postures narcissiques et la destruction de tout sens de l’intérêt général au sommet de l’Etat. Sur ce plan, aucun responsable politique n’apporte aujourd’hui la moindre esquisse de réponse: comment remettre le bien commun au centre de la vie publique et en finir avec la tyrannie de la personnalisation à outrance, des postures, des coups de mentons imbéciles, des calculs politiciens, de la mégalomanie? Quand je vois l’attitude de certains « à droite », par exemple M. Baroin, qui aurait rallié M. Sarkozy en raison d’une haine envers M Juppé remontant à son éviction du gouvernement en 1995, et quand je vois les guignolades des leaders extrémistes (droite et gauche), je me dis que la folie furieuse est absolument partout, gagnant comme une gangrène. C’est la France d’en haut qui est en perdition. En d’autres temps (1789, 1830, 1848), une révolution violente serait l’aboutissement normal d’un fiasco aussi lamentable. Mais aujourd’hui, on ne fait plus vraiment de révolution et d’ailleurs, le peuple est lui aussi perdu, égaré, privé de ses repères. Pessimisme? Non, simple constat réaliste!
Maxime TANDONNET