La communication politique est par définition destinée à frapper les esprits. Encore faut-il atteindre la bonne cible. Pour toute personne curieuse de l’histoire de son pays, voire tout amateur de cinéma, celui de François Truffaut Depardieu et Catherine Deneuve dans Le dernier métro, la formule « couvre-feu », couvre-feu nocturne à Paris, renvoie inévitablement à l’image d’une période de l’histoire, qu’il n’est même pas nécessaire de désigner. Evidemment les circonstances n’ont rien à voir. Pourtant, la charge émotionnelle qui s’attache au couvre-feu est considérable. Couvre-feu, à Paris, en 2020… Le symbole donne le vertige. Et les questions, de nouveau, fusent. Covid19 est-il plus contagieux la nuit que le jour? Alors, il faudrait expliquer pourquoi et comment. Sur la nature même du pouvoir politique: son rôle est-il d’anticiper sur les besoins en masques, en tests et en places d’hôpital, ou bien de s’ingérer dans la vie intime des Français en leur indiquant à quelles heures ils ont le droit de sortir et combien de personnes peuvent prendre place autour de leur table? L’idée est-elle d’arrêter et de sanctionner toute personne parce qu’elle se trouve dans la rue, de nuit, après 21H? Culte de la personnalité à outrance, banalisation des restrictions à la liberté, rupture de la digue entre la puissance publique et la vie privée des personnes, anéantissement du tissu économique de la restauration et du spectacle au coeur de la vie sociale: la France file un mauvais coton. Elle est confrontée à deux virus jumeaux: le coronavirus et le virus du mépris. A titre personnel, le second me fait infiniment plus peur. Attention, ce pays commence à sentir vraiment la poudre.
Maxime TANDONNET