Dans cette affaire, le plus sidérant est le manque d’intérêt des médias surtout radio télévision pour ne décision de justice aussi importante. On s’en souvient: en 2020 et 2021, un publiciste varois avait affiché sur des panneaux publicitaires plusieurs portraits du président Macron grimé en Hitler et en Pétain. Le chef de l’Etat avait porté plainte pour injure publique. Le publiciste avait été condamné à une forte amende, en première instance et en appel. Cependant, le 13 décembre dernier, la Cour de Cassation a annulé cette amende au nom de la liberté d’expression, sachant que cette affichage faisait partie de la contestation de la politique sanitaire du gouvernement face au covid 19 en particulier du passe sanitaire et du passe vaccinal. Dans l’euphorie de la coupe du monde, cette décision avait été peu commentée. Les rares commentaires (sur les réseaux sociaux) étaient plutôt à l’indignation: encore une atteinte à la dignité de la fonction. Ce que je dis ici est purement personnel et (comme souvent…) à contre-courant de la vague dominante. Cette décision de la Cour de Cassation est à mes yeux normale et satisfaisante. Nous vivons dans une République ultra-narcissique ou la vie publique se concentre et se limite pour l’essentiel à l’exaltation de l’image personnelle d’un individu grâce à des médias radio-télévision (sauf exception) à genou devant elle. La crise sanitaire a donné lieu pendant deux ans à l’instauration d’un régime d’exception où la démocratie et la liberté ont été suspendues en s’appuyant sur la propagation de la peur dans des conditions que l’histoire jugera. Un président a reconnu explicitement avoir pour objectif d’emmerder (sic) une partie de la population de l’Etat qu’il préside. En un temps où l’immense majorité de la population, les institutions, les médias-radios télé, une partie de la presse, les juridictions chargées de la protection de la démocratie et de la liberté, ont marché au pas, à l’unisson de cette image présidentielle toute puissante, sublimée et omniprésente, il était normal (de mon point de vue) que puisse s’exprimer librement et sans limite le droit à l’insolence envers cette image. C’est une question de respiration démocratique et d’équilibre. La décision de la Cour m’a dès lors beaucoup surpris mais ravi par son audace et sa justesse.
MT