Où s’arrête le principe de précaution? Où commence la lâcheté? Il est question d’individus en région parisienne qui ne prennent plus les transports en commun, métro et bus, ou ne se rendent plus dans les magasins ou les marchés, les réunions ou les spectacles. Les petits masques blancs fleurissent dans la rue. Entre amis, il n’est même plus question de se serrer la main. Des scènes hallucinantes de racisme envers des personnes d’origine asiatique, dans le métro, m’ont été rapportées de source sûre (même si je n’y ai pas assisté). Les voyages à destination de pays, guère plus touchés que la France, s’effondrent. Et puis, une floraison d’absurdités: le semi-marathon est interdit mais les matchs de football – sacré ballon rond – autorisés. Il faut dire que les enjeux financiers ne sont pas les mêmes… Quand on annule le salon du livre, quand on ferme les musées et quand on interdit l’accès à des écoles, la peur l’emporte sur la littérature, la culture et science. Il serait même question dans certaines conversations, d’envisager un report des élections municipales. Des juristes estiment qu’il n’y aurait là rien de choquant. Combien de millions de morts, de deuils et de souffrances indicibles, lors des guerres mondiales, pour défendre la démocratie et le droit de vote? La phobie d’un virus, aussi contagieux et dangereux soit-il, serait-elle donc assez forte pour faire reculer le suffrage universel? Et après, dans cette même logique, demain, toute épidémie de grippe – qui fait de nombreux morts aussi – justifiera-t-elle de suspendre la culture, la démocratie, la vie quotidienne? Il n’existe pas de liberté sans risque. Celui-ci est réel et comparable à celui d’une grave épidémie de grippe dans ses formes les plus dangereuses. Cependant, le principe de précaution ne justifie pas tout. Quand il dégénère en lâcheté, individuelle et collective, c’est la liberté qui est menacée.
Maxime TANDONNET