Contre le service national universel ou parcours citoyen

La création d’une service national universel ou parcours citoyen est une fausse bonne idée.  S’il fallait mobiliser les Français face à une menace militaire pour soutenir leur armée ou participer à la défense de la France, une levée en masse  se justifierait pleinement. En revanche, une corvée d’un mois, créée ex-nihilo, sans but précis, réservée aux jeunes (pourquoi eux?) ne servirait strictement à rien. Trente jours n’est pas une période suffisante pour assurer un processus d’intégration: c’est le temps d’une colonie de vacances. Pire, cette durée serait semble-t-il décomposée en étapes citoyennes… L’opération coûterait une fortune: sans doute 4 à 6 milliards d’euros pour héberger, nourrir, encadrer une classe d’âge. Un pays qui compte une dette publique de plus de 2000 milliards d’euros (égale au PIB) et bat tous les records de prélèvements obligatoires peut-il encore se permettre de jeter les milliards par la fenêtre? Et dans quel but, quel objectif? En un mois, il est impossible de trouver le temps de former ou de préparer un jeune à une activité d’utilité quelconque, surtout un mois fractionné en trois. Le seul résultat serait d’engendrer une contrainte pour des jeunes qui travaillent, étudient ou cherchent un travail. Un quart  des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage et en souffrent et nombre des autres vivotent avec des salaires qui ne leur permettent pas de se loger (à Paris) donc privés d’autonomie. Alors, méritent-ils l’humiliation supplémentaire d’une corvée inutile et totalement privée de sens? Nous sommes là au cœur de la bêtise française. Il faut mettre en oeuvre une promesse de campagne présidentialiste grâce à laquelle un homme (celui-ci ou un autre, peu importe) peut bomber le torse et pavoiser sur la terrasse de l’Elysée. Et cela à n’importe quel prix: celui de dépenses astronomiques,  d’aggravation de la dette publique, de mise en branle d’une monstrueuse et vaine usine à gaz,  et du temps perdu pour tout le monde. Le grand spectacle politicien va occuper le monde médiatique pendant quelques semaines. Pendant ce temps, les vrais problèmes ne seront pas traités. Avant que la montagne n’accouche d’une souris. J’ignore si de mon vivant, des trois ou quatre décennies qu’il me reste à vivre, si Dieu le veut, j’aurai le plaisir de voir sombrer ce système qui atteint le paroxysme de la débilité.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction