On croit tout avoir vu, mais on est encore loin du compte. L’équipe de France de volley-ball est, paraît-il (je m’en fous), championne du monde, ou quelque chose de ce genre après avoir gagné au Brésil. Bien sûr, les médias nationaux s’en gargarisent. « La France qui gagne ». Mais voilà, il y a quelque jour, la star de l’équipe de France de volley ball a gentiment demandé, sur le quai de la gare, à un contrôleur de la SNCF, tout simplement, de bloquer le départ d’un TGV pour attendre son copain qui était en retard… Peu importe, évidemment, la nuisance pour des milliers de gens et les perturbations engendrées pour le trafic. Et si tout le monde faisait pareil, et si chacun d’entre nous se donnait la possibilité d’interrompre le départ d’un train, le décollage d’un avion, pour attendre un copain en retard? Que resterait-il des transports en commun dans ce pays? Mais non, là, ce n’est pas pareil: une star, c’est une star, quelqu’un au dessus des lois et du commun des mortels! Et comme l’employé de la SNCF refusait d’obtempérer, notre star nationale, une grande brute de deux mètres, pan, lui a décoché un coup de poing et crevé l’arcade sourcilière. Quoi de plus normal? Quoi de plus exemplaire pour les jeunes en quête de modèle? La loi de la jungle, la loi du plus fort, du plus grand, du plus musclé, la loi de la violence. Cette anecdote mérite d’être relevée: produit d’une société débile, qui inverse les valeurs et divinise, porte au pinacle, idolâtre de grandes brutes écervelées, les nouveaux maîtres du monde, au crâne plein d’air, comme le ballon sur lequel elles frappent.
Maxime TANDONNET