M. Laurent Wauquiez, pour lequel j’ai une sincère et grande estime, a déclaré quelque part: « En 2027, ce sera Marine le Pen ou moi ». A mon sens [mais je peux me tromper] cette déclaration est discutable et ce scénario douteux. D’abord, ce ne sera pas Marine le Pen. Cette dernière restera quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle dise, la fille de Jean-Marie Le Pen, héritière du FN rebaptisé RN, et il est exclu, comme en 2017 et 2022, qu’elle puisse rassembler sur ce nom en 2027 ou 2032 ou 2037 ou 2042 et même 2047, 50% des voix plus une. Le mélange bizarre qu’elle incarne aujourd’hui, ce cocktail sulfureux de lepénisme et de course au politiquement correct ne débouche sur rien, malgré le prodigieux battage médiatique destiné à la valoriser comme faire-valoir (en creux) du macronisme. Mme le Pen n’ira jamais à l’Elysée. Nous connaissons le grand classique de la politique française: sublimer MLP avant le premier tour pour lui permettre d’accéder au second puis la rediaboliser entre le premier et le second afin de bétonner la certitude de l’élection de son adversaire. Quant à la droite classique, ses chances sont minces a priori. Elle a contre elle tout un établissement financier, médiatique et judiciaire, l’ensemble des élites influentes de ce pays. Tout candidat de droite classique fera l’objet d’une entreprise de destruction massive comme en 2012, 2017 et 2022, et si les casseroles n’existent pas il suffira d’en fabriquer. Dans le monde actuel surmédiatisé, rien n’est plus facile que de briser une image – tout comme l’inverse, de l’encenser. Dans les années qui viennent, le dégoût et l’indifférence, la conviction populaire profonde que les politiques œuvrent dans leur intérêt personnel et contre le bien commun risque de s’aggraver. La déclaration de ce cher Laurent Wauquiez, candidat plus de quatre ans à l’avance, ne peut que la conforter en ce sens. Ce climat chaotique de résignation massive et de désintérêt envers la chose publique, d’abstentionnisme vertigineux, se prête plus que tout autre à une sorte de manipulation ou coup d’état médiatique en faveur d’un héritier du macronisme, malgré l’immense écœurement populaire, peut-être M. Le Maire, plus rusé que les autres (je n’ai pas dit plus intelligent ni plus compétent), qui aura pris soin de se démarquer de son bilan en prenant quelque distance deux à trois ans auparavant (nous le sentons venir…). La droite classique aurait une chance, même réduite, en bâtissant un projet proche des préoccupations populaires, en donnant un maximum de gages de sincérité et en présentant un candidat, au tout dernier moment, pour minimiser le sentiment de carriérisme autocentré et surtout l’inévitable lynchage médiatique… Mais ce n’est pas vraiment le chemin qu’elle semble vouloir prendre.
MT