A mes yeux, il ne fait aucun doute que l’espace existe pour un vaste courant politique dont les racines se situent au XXe siècle chez Poincaré, Tardieu, de Gaulle et Pompidou. Il préconise une démocratie nationale, parlementaire et référendaire, le respect intangible du peuple, la priorité donnée à l’intelligence scolaire, l’indépendance nationale et l’intérêt général, une société fondée sur la liberté individuelle et l’entreprise, la maîtrise des frontières, la prospérité économique, les équilibres financiers, la souveraineté et la sécurité des biens et des personnes. Par commodité, ce courant s’appelle aujourd’hui « la droite française« .
Il est inconciliable avec toute dérive du pouvoir vers l’esbroufe vaniteuse, bavarde, arrogante et impuissante, la personnalisation du pouvoir à outrance, au détriment de la Nation et le mépris du peuple; il est aussi inconciliable avec toutes les formes d’extrémisme issues des pires traditions totalitaires ou maurrassisme dégénéré dont les airs de Sainte-Nitouche, aujourd’hui, ne devraient leurrer personne. Ce courant, dit la droite française est aujourd’hui en grande difficulté. Alors qu’il pourrait rassembler lui-même les deux-tiers du pays sur ses idées et ses projets, il se situe à moins de 10% dans les sondages. Pourquoi semble-t-il emporté dans le déclin?
Evidemment, ce courant a subi le contre-coup de la catastrophe électorale de 2017, suivie d’une vague de trahisons opportunistes dont son image a du mal à se remettre. Mais au-delà, le fond du problème, c’est qu’il n’a jamais réussi à redevenir lui-même. Ecartelé entre le macronisme et le lepénisme, il s’est placé à la remorque de ces deux courants, par exemple en soutenant l’un sur une impopulaire réforme des retraites (les inutiles et provocateurs « 64 ans »), et l’autre sur la plus que douteuse « préférence nationale »(s’attaquer aux droits sociaux des étrangers en situation régulière – ce n’est pas le sujet aujourd’hui).
Cette droite française n’est pas non plus parvenue à rompre avec les fantômes du passé qui continuent de la hanter. Elle en revient toujours à vouloir s’accrocher à une histoire maudite de ces dix dernières années qui lui ont coûté si cher, à l’image de la nouvelle et invraisemblable micro-polémique entre M. Sarkozy et son ancienne « tête penseuse » (voir Figaro de ce jour). Elle n’a pas su renouveler suffisamment ni ses hommes ou femmes, ni ses idées ni ses projets, ancrée dans ses vielles lunes du sado-libéralisme (une chose est bonne quand elle blesse le peuple, à l’image des « 64 ans ») alors que la France attend désormais tout autre chose. Son message devrait être celui d’une réconciliation entre la politique et le peuple et la restauration d’une démocratie française digne de ce nom (le pouvoir du peuple), de ses fondamentaux historiques (voir ci-dessus), de la confiance populaire (dans le contexte d’un abstentionnisme de 54%), de l’indépendance nationale en politique extérieure. Or, elle passe totalement à côté en ce moment… Dommage…
MT