La patronne du fn détaille un plan d’action alambiqué sur l’Europe dans une interview au Figaro de ce jour: après son élection en 2017, elle présentera un ultimatum en 4 points à l’Union européenne. Puis, en cas de refus (probable) elle proposera aux Français un « référendum sur la sortie de l’Union« . Si les Français le rejettent, Mme Le Pen démissionnera au bout de 6 mois après son élection. Pourquoi ce schéma tortueux, irréel, chaotique, vaguement surréaliste, alors qu’il suffirait de dire franchement, en allant droit au but, si vous m’élisez, la France sortira de l’Union? Sans doute pour embrouiller les esprits, ne pas dire que l’on veut sortir de l’Union – préserver l’électorat modéré – mais le dire quand même pour l’aile dure. Personnellement, dans l’hypothèse du référendum perdu, je n’imagine pas un instant qu’après un si beau parcours, l’aboutissement d’une ascension familiale de 40 ans, Mme Le Pen démissionne après 6 mois de présidence. On me dira tout ce que l’on veut mais je n’y crois pas une seconde. Par ailleurs, le chef du fn est favorable à la retraite à 60 ans et ne s’inquiète pas pour les déficits: « si vous réglez le chômage, vous réglez les déficits ». Bien sûr. Et comment régler le chômage? « Passer par la monnaie, réaliser de grandes économies sur la gabegie inouïe que représentent l’immigration, la fraude sociale, l’UE, la décentralisation, et revenir à des protections face à la mondialisation ». Voilà, au fond, ce n’était pas si compliqué, le chômage, c’est la faute des immigrés, de l’Europe, de la mondialisation, des collectivités locales. Et ce n’est surtout pas, bien entendu, le résultat des renoncements du pays à se réformer et à accomplir les efforts nécessaires de gestion rigoureuse et de modernisation depuis 30 ans. Et si vous n’êtes pas d’accord: « Ce sont des arguments de comptables ». No comment. Je laisserai le dernier mot à mon nouvel ami, André Tardieu: « Je regarde, je lis, j’écoute, et je trouve que l’on se moque du monde à l’excès. On s’en moque à droite. On s’en moque à gauche. On s’en moque partout. » (La note de la semaine, 1936, Flammarion).
Maxime TANDONNET