Franchement, je ne voulais pas en parler. Il y a des malheurs si épouvantables que seul le silence en est digne. Depuis deux jours, je ne pensais qu’à eux, à toute cette classe d’adolescents de 15 ans qui ont perdu la vie dans le crash, à cette maman de 38 ans avec son nouveau-né, à la terreur de ces 150 personnes qui se sont vu mourir, aux familles qui ne reverront plus l’être bien aimé. Avec tant de mes semblables, je n’en dormais plus, vivais leur souffrance, leur chagrin. Aujourd’hui, j’apprends comme tout le monde que la tragédie n’est pas accidentelle mais résulte sans doute d’un acte volontaire d’un homme de 28 ans qui s’est enfermé dans son cockpit et qui a provoqué le crash de l’avion. Là je ne comprends plus. Qu’est-ce que la nature humaine. On peut tuer par haine, par fanatisme religieux, nationaliste ou par folie. Rien de tout cela semble-t-il. L’acte absurde par définition, sans mobile, sans raison. Aussi absurde que cette image d’un avion désintégré en mille morceaux sur la montagne. Tuer pour tuer. Un meurtre de masse sans mobile, semble-t-il, sans revendication, sans idéologie, sans même l’alibi de la folie. Qu’il y a -t-il à comprendre? Rien, le néant, l’inexplicable, sinon l’homme dans sa plus simple expression… Bon j’écris pour partager ma stupéfaction qui dépasse l’entendement, toute esquisse de raison et d’explication. Je n’ai rien à dire mais je le dis quand même. Je pense à tous ses pauvres gens, aux enfants, pauvres jeunes garçons, filles, qui ont perdu la vie dans le désastre. A leurs parents qui les attendaient. Aux secouristes français, préfet, gendarmes, policiers, sapeur-pompier qui sont sur le terrain, dans l’un des plus sublimes paysages du monde, les Alpes, transformé en charnier à ciel ouvert, à tenter de recueillir et identifier des bouts de chairs informes… Et qu’on ne vienne pas me dire que je suis pessimiste…Je suis horriblement triste c’est tout…
Maxime TANDONNET