Les vœux présidentiels sont une institution étrange. Pour le passage du chef de l’Etat, toutes les chaînes de télévision sont réquisitionnées, comme si cela signifiait que les téléspectateurs ne doivent pas avoir d’autre choix que de regarder l’occupant de l’Elysée: TF1, F2, F3, M6, chaînes d’info ,etc. L’audience oscille entre 13 et 10 millions. M. Sarkozy en 2007 faisait 13,2 M et en 2010 12,3 M. Le niveau le plus bas fut atteint par F. Hollande en 2014: 9,7 M et le plus haut par E. Macron en 2020 avec 17,5 M en pleine épidémie de covid 19 alors que les gens craignaient un nouveau confinement. De fait, malgré une actualité anxiogène (Ukraine, Chine, réforme des retraites, inflation etc.) le score de 2022 a été l’un des plus faible des vingt dernières années: 10,1 M et de loin le plus bas pour une année d’élection présidentielle. Il faut dire que ces vœux auraient un sens si les chefs de l’Etat avaient quelque chose à dire, un message à faire passer au pays. Tel n’est évidemment plus le cas dès lors que le lien de confiance est rompu. Et puis il faut compter avec le phénomène de lassitude: dès lors que le président est omniprésent en permanence à la télévision et qu’il s’exprime tous les jours ou presque et sous tout prétexte, son apparition est banalisée et ses vœux n’intéressent pas grand monde. 10,1 millions cela représente 1 Français sur 6, estimant que l’occupant de l’Elysée a encore quelque chose à leur dire, soit environ 16% de la population. Ce chiffre vaut bien mieux que les sondages de popularité biaisés de JDD, Paris-Match et BFMTV. Il souligne la déconnexion des plus hauts dirigeants et la défiance envers le chef de l’Etat, la crise de l’autorité et l’immense chaos qui nous attend dans les semaines à venir.
MT
