A quoi sert la grossièreté?

Le mot connard est à la mode. Le futur best seller de Madame Virginie Despentes, romancière est intitulé Cher connard. Je n’ai pas lu ce livre, il est peut-être excellent, peut-être est-il moyen, peut-être mauvais, je n’en sais rien. D’ailleurs, en général les romans d’auteurs français contemporains, me tombent assez vite des mains malgré toute ma bonne volonté… Quoi qu’il en soit, il sera un best seller au regard du matraquage médiatique dont il fait l’objet. Ici, je ne parle que du titre: c’est important un titre. Les mots grossiers, con ou connard, ou salaud, ou emmerder, sont à la mode. Les politiques comme les écrivains en usent quotidiennement. Le titre du futur best seller de Mme Despentes n’est d’ailleurs pas si original. On est sidéré par le nombre d’ouvrages sortis récemment dont le titre contient le mot connard. Voir par exemple images ci-dessous. La grossièreté se banalise, à l’image de l’époque. Elle est la contrepartie visible de la médiocrité. Elle joue sur la provocation, la recherche du coup médiatique. Elle exprime la difficulté à briller par la qualité d’une politique ou d’un texte. Faute de produire de la beauté, de l’utilité ou de l’intelligence, la grossièreté, d’un politique ou d’un écrivain, permet d’attirer à peu de frais l’attention médiatique par une transgression verbale. Mais qu’est-ce qu’une transgression quand elle est à tel point banalisée? Au fond, la grossièreté dès lors qu’elle est banalisée penche vers la vulgarité. Elle est une manière de violence contre le langage, reflet de la violence physique quotidienne. Chez les grands politiques ou écrivains de jadis, la grossièreté est assez rare ou entre guillemets en tout cas peu fréquente dans les titres. Aujourd’hui, elle se banalise à une vitesse vertigineuse à l’image de l’invraisemblable médiocrité ambiante. MT

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Author: Redaction