L’hépatite E est responsable d’une inflammation aiguë ou chronique du foie. Il s’agit d’une maladie émergente parfois mortelle et sans traitement connu. Dans un article à paraître dans la revue Annals of Internal Medicine, Vincent Mallet, Philippe Sogni et Stanislas Pol et leur équipe de l’Institut Cochin (Université Paris Descartes, CNRS, Inserm) et de l’AP-HP rapportent l’efficacité d’un traitement chez deux personnes souffrant d’une infection chronique par le virus de l’hépatite E. Des essais cliniques devraient être réalisés rapidement afin de valider et d’étendre ce traitement.
Le virus de l’hépatite E est la première cause d’hépatite virale dans le monde et on estime que le tiers de la population mondiale a été infectée par ce virus. Si la majorité des cas survient dans les pays en voie de développement, on assiste à une émergence de cas d’infection en France et dans les autres pays de l’Ouest où le virus se transmet à l’homme par la consommation d’aliments contaminés insuffisamment cuits.
Le virus de l’hépatite E, comme les autres virus des hépatites, provoque une inflammation du foie. Dans sa forme aiguë, l’infection aiguë peut être mortelle chez les personnes âgées, les femmes enceintes et chez les personnes malades du foie. Chez les personnes immunodéprimées (patients greffés, patients sous chimiothérapie ou personnes vivant avec le VIH), l’infection par le virus de l’hépatite E peut évoluer vers une hépatite chronique et entraîner une cirrhose.
Un second souffle pour la Ribavirine
La Ribavirine est un médicament actuellement prescrit pour traiter certaines infections virales respiratoires chez l’enfant et certaines fièvres hémorragiques. Il est également utilisé dans le traitement de l’hépatite C.
Vincent Mallet, maître de conférences à l’Université Paris Descartes et praticien hospitalier, a proposé à deux patients immunodéprimés souffrant d’une infection chronique par le virus de l’hépatite E de suivre un traitement à base de Ribavirine.
Chez les deux patients, après deux semaines de traitement, le fonctionnement du foie est redevenu normal. Après quatre semaines de traitement, le virus est devenu indétectable dans l’organisme. Enfin, après l’arrêt du traitement (respectivement 6 et 3 mois à ce jour), le fonctionnement hépatique restait normal et le virus de l’hépatite E demeurait indécelable.
Ce rétablissement spectaculaire des deux patients montre le potentiel de la Ribavirine comme traitement des formes graves d’infection par le virus de l’hépatite E. «Il faut toutefois rester prudent» déclare Vincent Mallet. «En raison du manque de recul, on ne peut encore affirmer la guérison totale des patients, mais notre travail est une véritable avancée. Des tests cliniques doivent maintenant être menés pour trouver la dose, la formulation et la durée adéquates pour traiter les formes graves d’infection par le virus de l’hépatite E».
Ces travaux ont fait l’objet d’un dépôt d’une demande de brevet
Publication
Case Reports of Ribavirin Treatment for Chronic Hepatitis E
Vincent Mallet, Elisabeth Nicand, Philippe Sultanik, Catherine Chakvetadze, Sophie Tessé, Eric Thervet, Luc Mouthon, Philippe Sogni and Stanislas Pol.
Institut Cochin, Université Paris Descartes (Unité Mixte de Recherche S1016), CNRS (Unité Mixte de Recherche 8104), Inserm U.1016, Centre Universitaire des Saints-Pères (Unité Mixte de Recherche 775), Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Groupe Hospitalier Cochin Saint-Vincent de Paul, Hôpital Necker Enfants Malades, and Hôpital d’Instruction des Armées du Val-de-Grâce, Paris, France.
Annals of Internal Medicine, June 2010.
Contacts:
Vincent Mallet
Institut Cochin équipe « régénération, ploïdie et sénescence dans la pathophysiologie hépatique »
Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Groupe Hospitalier Cochin Saint-Vincent de Paul, Unité d’hépatologie.
Université Paris Descartes
Email : vincent.mallet@cch.aphp.fr
Tel : +33 (0)1 58 41 30 01
Vincent Mallet – MCU-PH
Email : mallet@cochin.inserm.fr
Tél : +33 (0)1 58 41 24 04