Le Figaro: « La crèche Anne Frank à Tangerhütte (Saxe-Anhlat, au nord-est de l’Allemagne) va-t-elle être rebaptisée «World Explorer» ? Le conseil d’administration de la garderie s’est prononcé pour le retrait du nom de la jeune fille juive, morte au camp de Bergen-Belsen pendant la Seconde Guerre mondiale, rapporte Volksstimme , un quotidien régional. Le journal d’Anne Frank, écrit de 1942 à sa capture en 1944, raconte sa vie cachée dans un appartement d’Amsterdam. La directrice de l’établissement, Linda Shichor, a expliqué à nos confrères allemands que cette demande émanait des parents qui veulent un nom d’établissement plus adapté aux enfants. Selon elle, l’histoire d’Anne Frank est difficile à comprendre pour les jeunes enfants, et les parents issus de l’immigration ne se reconnaissent pas dans ce nom. «Nous voulions quelque chose sans arrière-plan politique», résume-t-elle. »
Anne Frank est un symbole universel des victimes de la barbarie. La mémoire de la jeune fille martyrisée par les nazis est le fragile symbole des heures les plus sombres de l’histoire qu’on voudrait ne jamais revivre. Or, le fait de débaptiser une crèche Anne Frank en Allemagne pour se soumettre à la diversité est une manière d’effacer le souvenir, et, au nom de principes humanitaires fondé sur l’hospitalité, l’accueil et la diversité, est une manière de renoncer à perpétuer la mémoire de la jeune fille juive, cette mémoire qui est sensée préserver intacte l’horreur du nazisme, de l’antisémitisme, de la barbarie et garder l’Europe, le monde de la tentation de replonger dans les ténèbres. Nous voyons aujourd’hui que cette mémoire est elle-même est fragile, effaçable, soumise elle aussi à la règle de la table rase. Et les bons sentiments d’accueil et de diversification poussés à leur paroxysme, en deviennent désormais les ennemis. Sous nos pieds, un gouffre est en train de s’ouvrir.
MT