Un maire adjoint répond à un article de nos confrères du Salon Beige sur les églises de nos campagnes :
J’ai trente ans, je suis père de famille et maire adjoint chargé du patrimoine à Morannes sur Sarthe-Daumeray dans le Haut Anjou.
Lors du dernier conseil municipal, nous avons voté la restauration des 2 églises de notre commune (3500 habitants). C’est plus de 1.500.000 euros à trouver pour financer ces travaux.
C’est un courage inouï pour des élus ruraux insensibles à la donnée religieuse : ils sont conscients que la pratique religieuse n’existe plus, ils savent que ces églises ne sont presque plus utilisées, ils savent que l’Eglise traverse une crise sans précédent, ils se méfient du curé, ils ne pratiquent plus pour 80 % d’entre eux, ils ne se disent plus catholiques.
Et pourtant, ils s’apprêtent à emprunter aux banques plombant ainsi les finances de la commune pour des dizaines d’années, et ce, pour sauvegarder ces vieilles pierres. Car ils tiennent de tout leur cœur à ce clocher tord du XIIeme siècle qui les réveille avec l’angélus tous les matins. Et pourtant, ils ne savent même plus ce qu’est l’Angelus. Mais ce clocher est tout ce qui leur reste de patrimoine. Mais ce clocher est leur fierté. Car ce clocher les a vu naître, car ce clocher les verra mourir, car ce clocher est constitutif de leur identité. Car dans la France rurale, la France profonde, la vraie France, les gens sont encore attachés à leurs racines.
Il est faux de dire que les mairies n’ont plus d’argent. On s’attriste de toutes ces églises de villages délabrées, mais remarquez aussi toutes celles qui sont en parfait état dans des villages minuscules ! Ça n’est pas une question d’argent, c’est une question de volonté durable. Les églises en bon état sont celles des villages dont les maires se sont attachés année après année à les soigner, à les rénover et à les embellir. Les églises qu’on rase ce sont les églises des communes qui ne veulent plus les restaurer.
Si les catholiques eux-mêmes en viennent à donner des arguments aux maires qui n’ont pas ce courage, alors la partie est perdue. La solution n’est pas de transformer notre église rurale en bibliothèque : nous avons déjà bien du mal à installer une simple boucherie sur notre territoire. La solution est que les catholiques investissent leur cité, s’impliquent dans la vie de leur village et rendent ainsi à Dieu l’argent qui doit être mis dans ses églises et qui partira sans cela dans les lampadaires nouvelle génération et les dos d’ânes.
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