« Pour celles et ceux qui en doutaient encore, l’affaire est désormais entendue : il ne fait pas bon, sous le règne d’Emmanuel Macron, déplaire à l’extrême droite. Pap Ndiaye vient d’en faire la dure expérience.
Son arrivée surprise rue de Grenelle avait suscité un peu d’espoir : intellectuel reconnu pour ses travaux sur les minorités et les discriminations, admiré pour les impulsions données au Musée de l’histoire de l’immigration, respecté pour ses prises de position nuancées face aux accusations de « wokisme » et d’« islamo-gauchisme » dans l’université, il avait été plutôt bien accueilli par les professeurs et les cadres de l’éducation nationale. (…)
Il est évidemment trop tôt pour trancher, mais il est bien possible que le passage de Pap Ndiaye à l’éducation nationale soit analysé par les historiens comme une occasion ratée : il aurait pu, en effet, profiter de son court état de grâce pour remobiliser le pays sur les enjeux éducatifs fondamentaux (…) il ne l’a pas fait. L’extrême droite a obtenu son départ. Et craignons que les historiens du futur ne voient dans ce limogeage les signes – voire les prémices – d’une régression éducative sans précédent. (…) »
« J’aurais tant aimé, il y a quelques jours, que des dizaines d’organisations de la communauté éducative de notre pays trouvent les arguments pour en appeler au maintien de Pap Ndiaye au ministère de l’éducation nationale. (…)
Je l’avais soutenu, sans illusion excessive sur ses chances de réussite, parce que j’estime l’homme, l’historien, l’intellectuel, le citoyen engagé contre le racisme, l’antisémitisme, les discriminations et donc contre l’extrême droite. Je ne le regrette pas. (…)
N’était-il pas possible, à tout le moins, d’opposer une résistance plus ferme aux attaques absurdes à base de fantasmes sur le wokisme, le décolonialisme, la déconstruction ou l’intersectionnalité dont on sait qu’elles nourrissent, au fond, les combats de l’extrême droite contre le féminisme, la liberté de penser ou l’antiracisme ? (…) »