Attention, mon propos ne consiste en aucun cas à intervenir sur un dossier qui est entre les mains de la justice. Il vise à parler sous forme de témoignage, du quotidien des forces de l’ordre dans les cités sensibles. Cela remonte à quelques années déjà. J’avais un travail à effectuer sur les questions de sécurité dans le Val d’Oise, à Villers le Bel, la dalle d’Argenteuil, Goussainville, Bezons. D’abord, à Villiers le Bel, 3 policiers s’étaient suicidés récemment avec leur arme de service. Mon rôle était d’écouter les policiers. Ils vivaient dans la peur, non pas une peur feinte de victimisation, mais une véritable terreur. Une jeune femme policière me disait les yeux rougis (je donne ma parole d’honneur que c’est vrai): toutes les nuits c’est la même chose, les crachats, les insultes, les menaces de viol et de meurtre. Je vais finir par y passer… Un jeune policier avait un bras en écharpe : ma dernière blessure, cette année, j’ai déjà été blessé quatre fois… Un autre, tout jeune, était harnaché, couvert de protections qui doublaient son volume et lui donnaient une silhouette de robot: je ne sortirai pas sans mes protections ce serait beaucoup trop dangereux. Un autre encore venait de déménager à la suite de menaces contre ses enfants de 12 et 10 ans, scolarisés ailleurs, dans le plus total anonymat et consigne absolue de ne pas parler du métier de son père. Au total, plus d’un dixième de l’effectif avait été blessé en service. Alors attention: on ne peut rien comprendre sans avoir cette dimension de la question aussi à l’esprit. L’objectif est d’exprimer un témoignage (trop rare) sur la condition de la police, souvent de jeunes policiers, dans certains quartiers et la tension dramatique qu’elle subit au quotidien.
MT