Certes Valérie Pécresse ne s’est pas révélée en tribun. Ses longs silences et la longueur de son discours créaient un sentiment de malaise. Sur le plan de la communication, l’exercice n’était pas des plus réussis. Mais la politique doit-elle se limiter à n’être qu’une affaire de communication ? Aujourd’hui, les Français veulent-ils des fanfarons, des aboyeurs, des paons vaniteux ou des dirigeants qui les respectent et qui servent humblement leur pays ?
Quelles annonces retenez-vous de ce meeting ? Valérie Pécresse a-t-elle tout de même su donner une direction à sa campagne ?
Valérie Pécresse a tenu des propos très importants sinon cruciaux. Elle en a appelé à l’unité des Français et à leur réconciliation, après les épisodes tragiques des Gilets Jaunes, du mouvement social, et le bannissement invraisemblable des personnes non vaccinées (souvent pour des raisons médicales) traitées en parias qu’on « a très envie d’emmerder ».
Elle a promis qu’après dix ans de politique de mépris, son éventuel quinquennat serait celui du respect des Français et de l’unité nationale. Elle a promis de réhabiliter le référendum et d’instituer le référendum d’initiative populaire pour combattre la fracture démocratique entre le peuple et sa classe dirigeante. Elle s’est engagée en faveur des libertés et du redressement de l’école. Ce sont des paroles fortes de réconciliation de la France avec la liberté et la démocratie, des paroles qui ont été noyées dans l’ironie et le mépris.
Valérie Pécresse a été accusée de reprendre à son compte la thèse du grand remplacement. La droite républicaine se laisse-t-elle piéger par la droite radicale ?
À l’évidence, elle a voulu dire qu’elle mettrait fin à l’obsession et à la peur du « grand remplacement » qui nourrissent les extrémismes. Pour cela elle mettra en œuvre une politique migratoire destinée à maîtriser l’immigration : contrôle des frontières, fermeté en matière de lutte contre l’immigration illégale et l’application de plafond d’accueil (ou quotas) en fonction des capacités d’accueil du pays.
Elle ne s’est jamais prononcée en faveur de « l’immigration zéro » mais d’une politique d’immigration raisonnable, calquée sur les capacités d’accueil du pays, accompagnée de l’effort nécessaire d’intégration des populations migrantes, une politique qui évitera les phénomènes d’hystérisation du débat. Ces propos -qu’elle avait déjà tenus- ont été lamentablement déformés pour l’abattre.
Pour se défendre, elle a déclaré ce matin sur RTL : «Il y a de meilleurs orateurs que moi, mais pour faire quelque chose, je suis la meilleure […] Un candidat a eu du mal à faire des meetings au début de sa carrière politique, il s’appelait Emmanuel Macron ». Ses adversaires l’ont-ils enterrée trop vite ?
Une sorte de mécanique s’est mise en branle pour détruire sa candidature en plein vol. Les mauvais coups pleuvent. Sans doute n’a-t-on pas trouvé de prétexte sur la question de son intégrité pour abattre la candidature de droite sur le modèle de 2017. Alors, on s’acharne sur sa personne. En ce moment les trahisons – vers les droites radicales ou vers la Macronie – prolifèrent.
Les uns l’accusent de ressembler à M. Macron. D’autres lui reprochent de courtiser « l’extrême droite ». Les réseaux sociaux se déchaînent contre elle. Une immense majorité des commentaires des experts, spécialistes et autres commentateurs convergent dans le mépris. C’est oublier que « ce qui ne tue pas rend plus fort ». Valérie Pécresse parviendra-t-elle à trouver les mots pour les convaincre de sa volonté de refonder la démocratie française ? Bien entendu, rien n’est encore joué.
MT