Voilà bien une dizaine de jours que les grands médias radio-télé, après l’obsession unique du covid 19 et du confinement, inondent les consciences occidentales d’un message à sens unique sur les violences policières et le supposé racisme dans la police. Au point d’en oublier tout le reste. Mais qu’est-ce qu’une « émotion saine » et qui la définit ? Les conditions de la mort de George Floyd sont certes épouvantables et révoltantes. Mais le 10 juin, la presse écrite annonçait en toute discrétion, par un entre-filet, un événement dramatique, d’une atrocité inouïe : au Nigéria, Boko Haram a procédé à l’anéantissement d’un village, Faduma Koloram, dont 69 habitants, hommes, femmes et enfants, ont été massacrés. Sur le fond, les faits n’ont évidemment rien à voir. Mais pourquoi l’un et pas l’autre ? Pourquoi cette horreur innommable, l’anéantissement de la population d’un village, tombe-t-elle dans l’indifférence absolue ? Pourquoi ne suscite-t-elle pas, elle, le moindre soupçon d’émotion ni d’empathie ? Serait-ce parce qu’elle se situe en Afrique, et non en Amérique ? Serait-ce parce qu’il manquait au moment des faits, les caméras des grandes chaînes de télévision ? Ou du fait de l’identité des meurtriers, des fanatiques islamistes qui répandent la terreur et le sang? Et si le racisme planétaire le plus authentique tenait dans l’indifférence et l’oubli de l’anéantissement d’une population en Afrique, une barbarie qui rappelle les heures les plus sombres de l’Europe, et dont la banalisation, la quasi tolérance planétaire, fait froid dans le dos.
Maxime TANDONNET