Ci-dessous, extraits de mon article paru ce matin dans la Revue politique et parlementaire.
« La France, frappée avec le covid19 par l’une des pires crises sanitaires de son histoire à laquelle s’ajoute une récession économique titanesque menaçant de plonger dans le chômage des millions de personnes, se donnera-t-elle un sauveur providentiel conformément aux leçons de l’histoire ? Des signaux expriment cette tentation du sauveur, comme l’engouement autour du professeur Didier Raoult…
L’éclosion du héros en temps de crise ne se conçoit pas en dehors de quelques conditions dont rien n’indique qu’elles sont aujourd’hui réunies. Il faudrait tout d’abord que la France soit encore un peuple, prêt à se rassembler autour d’un personnage incarnant l’espérance. Si elle n’est plus qu’un archipel[1] composé d’identités diverses sans véritable commun dénominateur, le réflexe unitaire n’a plus lieu d’être. De même, la quête du héros n’est envisageable que dans le contexte d’un sentiment national puissant. Encore faut-il avoir quelque chose à sauver pour se rassembler derrière un sauveur, c’est-à-dire une patrie bien aimée. Enfin, troisième condition sine-qua-non, l’existence d’un vivier d’hommes et de femmes réunissant les qualités du héros : intelligence de l’histoire, sens de l’Etat et du bien commun, force de caractère…
L’absence de ces trois conditions se prête à l’émergence, non pas du héros, mais de l’idole ou du charlatan. En vérité, derrière tout véritable héros, il faut le ralliement d’un peuple unifié par la confiance. La figure providentielle n’est rien d’autre que l’incarnation, le temps nécessaire, du désir de continuer à vivre de la nation. Aide-toi et le Ciel t’aidera : l’avenir dépend avant tout des Français eux-mêmes et de leur volonté collective de rester une nation. »
[1] L’Archipel français, Jérôme Fourquet, le Seuil 2019.
Maxime TANDONNET