« Il faut se rendre disponible à sa destinée… » M. le président pense donc à sa destinée. Son prédécesseur et créateur, M. Hollande, y songeait tout autant: « Aujourd’hui, je suis dans l’histoire… Ce qui m’anime, m’habite presque, c’est qu’est-ce que j’aurai laissé comme trace » (France Culture 24 mai 2016). Et si nous pensions plutôt à la destinée de la France?
Chacun a son idée du « monde d’après ». Gardons nous toujours des grands mots, des rêves et des utopies. Le monde d’après s’annonce d’abord comme une terrifiante épreuve. Une calamité s’est abattue sur le monde et sur la France: plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions et des millions de chômeurs supplémentaires, et la ruine d’une multitude de commerces, restaurants, entreprises, une poussée titanesque de la dette publique, d’incalculable dégâts sur nos libertés publiques … Il faudra des années pour tout rebâtir.
Quels dirigeants politiques pour impulser la reconstruction de l’économie et de la société française? Contre la plupart des pronostics actuels, il me semble assez probable que l’équipe actuelle sera bientôt balayée: après tant d’angoisses et de souffrances, les Français la tiendront logiquement pour responsable de leurs malheurs, ne la supporteront plus – physiquement – et auront à cœur de la chasser. Autre conviction, elle aussi à contre-courant: le lepénisme devrait être emporté dans la grande tourmente. Son image, même en tant qu’opposant médiatique privilégié, est intrinsèquement liée à un passé récent dont les Français voudront se débarrasser. En outre, elle est aux antipodes de la quête de sagesse, de modération, de compétence et d’unité qui devrait caractériser les attentes populaires du futur.
Alors que faut-il espérer ou souhaiter pour conduire la reconstruction du pays, dans son contexte européen et planétaire?
A l’Elysée, les Français voudront élire un authentique chef de l’Etat, guide de la Nation, personnalité ayant une très grande expérience de la chose publique, au-dessus de la mêlée politicienne, consensuelle, reconnue pour son sang-froid, son autorité naturelle, son respect du peuple, sa vision stratégique, son sens de l’Etat et du bien commun, sa sincérité, sa discrétion, son absence de vanité et son désintéressement personnel.
A l’Assemblée nationale, une majorité politique, unie par le sens de l’intérêt national, devra émerger du séisme actuel, représentative de l’attente profonde de l’immense majorité des Français: respect vigilant des libertés publiques et individuelles, relance de l’économie fondée sur la liberté d’entreprise, ordre public en interne et protection des frontières, lutte contre l’insécurité sous toutes ses formes, redressement de l’éducation nationale, bataille contre la pauvreté, réforme profonde et véritable de la démocratie française… Sur ce programme et à partir de cette majorité, une équipe soudée par la conscience du bien commun, un gouvernement dirigé par un Premier ministre verra le jour, chargé de mettre en oeuvre la politique voulue par les Français, sous le contrôle vigilant du Parlement et aussi du peuple souverain à travers un recours fréquent au référendum.
Ne croyez pas que tout cela soit impossible. Certes, il n’y a rien de certain, ni rien de gagné, mais pas impossible. On me dit toujours: comment voulez-vous faire avec le poids de la « propagande », le « carcan européen », le « gouvernement des juges », la « technocratie triomphante »? Peut-être que tout cela existe, mais de fait, jamais rien, jamais dans l’histoire, aucune puissance supra ou infra nationale, n’a jamais pu bloquer la volonté d’une poignée d’hommes et femmes honnêtes et déterminés, soutenus par une Nation rassemblée.
Maxime TANDONNET