Les expressions vulgaires ou salaces prolifèrent à la veille des élections municipales. Un exemple parmi une multitude de paroles du même genre: « Je vais te mettre la tête dans le cul » menace un candidat à la mairie de Marseille. Les élus ou les candidats à une élection sont dans une logique de représentation. leur mission fondamentale, l’essence de leur devoir, est la représentation des électeurs dans une assemblée démocratique. Ils ont donc un devoir d’exemplarité: tout ce qu’il font ou disent, dans l’exercice de leur activité politique, est censé exprimer une parole publique: ils parlent au nom de la société. Cette explosion de la vulgarité (ce n’est là qu’un exemple) est donc inadmissible à plus d’un titre. Elle reflète et elle attise le chaos quotidien. La violence de la vulgarité, de la part de ceux qui prétendent à une mission de représentation, est le miroir grossissant des insultes, des crachats, ou des coups portés par les voyous envers des passants dans la rue. Eh oui, Monsieur. Cette attitude aggrave le discrédit des citoyens dans la politique : la vulgarité, sous toute ses formes, remplit le vide laissé par les convictions et l’espérance d’améliorer la société par l’engagement au service d’une cause. L’expression salace n’est rien d’autre qu’un nihilisme exacerbé. Enfin, la grossièreté qui se banalise porte lourdement atteinte au noyau même de notre identité collective, c’est-à-dire la beauté, la finesse, la richesse de la langue française et de sa littérature, donnant un puissant signal d’encouragement aux progrès de la médiocrité. Eh oui, Monsieur, saccager une langue de civilisation par la vulgarité est strictement de la même nature, sinon pire, que de s’en prendre à un monument historique. Et la France n’a pas davantage besoin de tels élus que des casseurs sur les Champs Elysées ou la place d’Italie.
Maxime TANDONNET