Tandis que le virus parti de Chine se propage dans le monde à une vitesse foudroyante et répand la mort, nous songeons à la fragilité des choses. La mondialisation n’a rien de nouveau. Les grandes pandémies de peste au Moyen-âge qui suivaient à peu près la même trajectoire, le soulignent (voir mon billet du 4 février consacré à ce sujet). Tout change et rien ne change. La densité de la population humaine a plus que centuplé. Les technologies médicales, informatiques, des transports et de la communication, Internet, l’essor titanesque des échanges internationaux donnent le sentiment – l’illusion – d’un progrès foudroyant de l’humanité. Mais cette accélération a pour corollaire une hallucinante poussée des périls. Un monde connecté ouvre la voie à un vertigineux enchaînement des menaces. Parti d’une localité du bout du monde, au fond de la Chine, le virus se propage à une vitesse foudroyante, sans qu’aucune barrière ne soit en mesure de l’arrêter, sème la mort dans le monde entier. Pire, la « mondialisation de la peur »: au-delà de la réalité d’une maladies et des décès, qui restent dans les proportions d’une grave épidémie de grippe, c’est toute la planète qui tremble. Les bourses s’effondrent, les échanges planétaires sont en chute libre, les grands flots de tourisme mondial s’arrêtent soudain. Et le monde semble au bord du gouffre et l’humanité impuissante. L’idéal des années 1990, celui du dernier homme et la fin de l’histoire de Francis Fukuyama, qui annonçait un monde aplani, sans frontières, unifié par les marchés et la généralisation de la démocratie, n’en finit de s’effondrer dans le sang et les larmes. Cette crise planétaire – en attendant d’autres qui viendront – ne peut que déboucher, dans la conscience politique, sur le désir de frontières, de nations et de gouvernements protecteurs. C’est-à-dire toute autre chose que des pitres bavards et gesticulateurs.
Maxime TANDONNET