Menace totalitaire

L’un des contresens que nous faisons bien involontairement est d’associer le totalitarisme à la puissance étatique, ce qui nous empêche de voir l’essentiel. Cette erreur provient du fait que notre référence demeure le modèle des régimes totalitaires du XXe siècle, le communisme soviétique, le fascisme et le national-socialisme. Or le monde a changé. Avec l’affaiblissement des frontières, l’internationalisation et la judiciarisation des sociétés, les technologies de la communication, Internet, le pouvoir d’Etat, largement réduit à l’impuissance et à subir des influences extérieures, n’est plus la principale menace dans le monde occidental. Il existe un air du temps ou une idéologie dominante, une influence subreptice, qui conditionne les esprits de manière infiniment plus pernicieuse que le pouvoir d’Etat. En ce moment, le politiquement correct se transforme en un véritable totalitarisme de la pire nature: la peur s’instille dans les esprits et se transforme en autocensure. Bien sûr il y a eu cette épouvantable cérémonie des César, détournée par une scène racialiste et le répugnant lynchage public de Roman Polanski. En outre, aujourd’hui, les éditions Hachette renoncent à publier les Mémoires de Woody Allen, en raison d’une ancienne accusation d’ordre sexuel, sans la moindre esquisse de preuve ni jugement. Qu’on apprécie ou nom ses films n’est pas la question: de fait, il est une figure de la culture occidentale de ce dernier demi-siècle. Refuser de publier ses Mémoires, par peur du qu’en-dira-t-on, des réseaux sociaux, du risque de mise eu pilori par les groupes d’influence est pire qu’une lâcheté, une véritable trahison du principe de liberté d’écriture et d’édition. C’est une monstruosité qui condamne rétrospectivement, les deux-tiers de la littérature occidentale. Aussi atroce que de jeter des livres au feu: les tuer dans l’œuf. Ce n’est plus un simple ordre moral qui sévit, mais un véritable totalitarisme fondé sur une forme de terreur. Triomphe d’un dangereux cocktail d’ignorance, de bêtise et de lâcheté: Nous vivons décidément une bien sale époque.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction