Le virus et la nature humaine

Dans cette crise du coronavirus, nous voyons ressortir l’éternelle nature humaine, immuable malgré le progrès technologique et les bouleversements de la société. Finalement, tout le monde s’habitue à tout et dans un contexte tragique, l’instinct de révolte s’atténue. La barbarie n’est pas absente de ces événements. Depuis deux mois, les experts déversent, dans la plus grande banalité, un flot de commentaires supposés « rassurant » en affirmant que le covid-19 « ne tue que les personnes déjà malades ou âgées ». Et l’on s’alarme, y compris dans les journaux dits de « gauche » quand un jeune bien portant est frappé par le mal. Qu’est-ce qu’une société qui se rassure du sacrifice des siens en état de faiblesse pour sauver les autres, les jeunes et bien-portants, sinon une société ou la barbarie triomphe? Tout ceci est répugnant. Sous d’autres formes, le racisme est bien présent comme dans les grandes épidémies du passé. Des provinciaux s’indignent de l’arrivée de Parisiens qui risquent de les contaminer (malgré le confinement), et soi-disant, vident leurs magasins. Eh quoi, serait-il interdit d’avoir une maison hors de Paris? et pour des étudiants ou des familles avec des enfants, de chercher une protection familiale, un secours de l’autre côté du périphérique? La France n’est-elle pas une et indivisible? Où est passée la solidarité nationale? Au moins, en juin 1940, pour des événements sans aucune commune mesure – 10 millions de réfugiés sur les routes – les portes se sont ouvertes. Pour infiniment moins, elles se ferment aujourd’hui. La panique et l’incohérence: le temps n’est pas à la polémique mais à l’unité, paraît-il. Pour autant, il n’est pas à l’aveuglement ni à l’asservissement. La responsabilité essentielle du désastre incombe aux décideurs nationaux : déni radical de la réalité pendant deux mois et demi  (de janvier à mi-mars) exposant dangereusement des millions de Français à la contamination, puis, le 14 mars, brutal mouvement de panique c’est la guerre – restez chez vous provoquant l’effondrement de l’économie française avant une nouvelle embardée: retournez au travail.  Ils voudront évidemment se défausser sur d’autres. Ils n’échapperont pas à leurs responsabilités, au moins au regard de l’histoire. La quête du bouc émissaire: là aussi réflexe traditionnel, accuser la terre entière de ses propres turpitudes. Depuis quelques jours, un tombereau d’insultes s’abat sur les Français: inconscients, inciviques, indisciplinés,  imbéciles (sic). C’est toujours la même chose: on généralise à l’ensemble du pays des comportements ultra-minoritaires. Témoignage personnel: l’immense majorité des gens, soit 96%, sont d’une infinie prudence. Ce n’est pas à eux de payer pour les hésitations et l’indécision au sommet. Et comme toujours, dans les grandes débâcles, l’héroïsme d’une poignée d’hommes et de femmes qui à eux seuls, par leur comportement, parviennent à sauver l’honneur: médecins, sapeurs-pompiers, policiers, personnel médical, tous ces anonymes, privés de masque par l’incurie d’une classe dirigeante, mais pourtant fidèles à leur devoir.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction

Le virus et la nature humaine

Dans cette crise du coronavirus, nous voyons ressortir l’éternelle nature humaine, immuable malgré le progrès technologique et les bouleversements de la société. Finalement, tout le monde s’habitue à tout et dans un contexte tragique, l’instinct de révolte s’atténue. La barbarie n’est pas absente de ces événements. Depuis deux mois, les experts déversent, dans la plus grande banalité, un flot de commentaires supposés « rassurant » en affirmant que le covid-19 « ne tue que les personnes déjà malades ou âgées ». Et l’on s’alarme, y compris dans les journaux dits de « gauche » quand un jeune bien portant est frappé par le mal. Qu’est-ce qu’une société qui se rassure du sacrifice des siens en état de faiblesse pour sauver les autres, les jeunes et bien-portants, sinon une société ou la barbarie triomphe? Tout ceci est répugnant. Sous d’autres formes, le racisme est bien présent comme dans les grandes épidémies du passé. Des provinciaux s’indignent de l’arrivée de Parisiens qui risquent de les contaminer (malgré le confinement), et soi-disant, vident leurs magasins. Eh quoi, serait-il interdit d’avoir une maison hors de Paris? et pour des étudiants ou des familles avec des enfants, de chercher une protection familiale, un secours de l’autre côté du périphérique? La France n’est-elle pas une et indivisible? Où est passée la solidarité nationale? Au moins, en juin 1940, pour des événements sans aucune commune mesure – 10 millions de réfugiés sur les routes – les portes se sont ouvertes. Pour infiniment moins, elles se ferment aujourd’hui. La panique et l’incohérence: le temps n’est pas à la polémique mais à l’unité, paraît-il. Pour autant, il n’est pas à l’aveuglement ni à l’asservissement. La responsabilité essentielle du désastre incombe aux décideurs nationaux : déni radical de la réalité pendant deux mois et demi  (de janvier à mi-mars) exposant dangereusement des millions de Français à la contamination, puis, le 14 mars, brutal mouvement de panique c’est la guerre – restez chez vous provoquant l’effondrement de l’économie française avant une nouvelle embardée: retournez au travail.  Ils voudront évidemment se défausser sur d’autres. Ils n’échapperont pas à leurs responsabilités, au moins au regard de l’histoire. La quête du bouc émissaire: là aussi réflexe traditionnel, accuser la terre entière de ses propres turpitudes. Depuis quelques jours, un tombereau d’insultes s’abat sur les Français: inconscients, inciviques, indisciplinés,  imbéciles (sic). C’est toujours la même chose: on généralise à l’ensemble du pays des comportements ultra-minoritaires. Témoignage personnel: l’immense majorité des gens, soit 96%, sont d’une infinie prudence. Ce n’est pas à eux de payer pour les hésitations et l’indécision au sommet. Et comme toujours, dans les grandes débâcles, l’héroïsme d’une poignée d’hommes et de femmes qui à eux seuls, par leur comportement, parviennent à sauver l’honneur: médecins, sapeurs-pompiers, policiers, personnel médical, tous ces anonymes, privés de masque par l’incurie d’une classe dirigeante, mais pourtant fidèles à leur devoir.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction