Accélération de la déchéance politique française

« La stratégie consistant à opposer progressistes et nationalistes fonctionne à plein », constate le commentateur de cet article de BFM. Les derniers sondages confirment une marche « triomphale » du RN et du LREM aux élections européennes. Les projections ne méritent pourtant pas une telle jubilation. 22% en faveur des lepénistes, 20% pour les macronistes. En tenant compte du taux de participation de 2014 (42%), aucune formation politique ne dépasserait un dixième du corps électoral. Cela donnerait 9,2% de l’électorat pour les premiers et 8,4% pour les seconds; soit un douzième à peine des Français soutenant le parti présidentiel… Franchement, devant un tel marasme, nul n’a de bonnes raisons de pavoiser… Dans ce climat d’atonie générale, l’étau d’une double médiocrité se referme sur la France politique, prisonnière de l’affrontement totémique entre deux incarnations caricaturales, celle du mépris des élites post-nationales envers le peuple et celle de la moisissure démagogique, deux chimères qui semblent tout écraser sur leur passage,  le sens de l’intérêt général, le débat d’idées et de projets collectifs, la démocratie, et la chose publique. Cette focalisation obsessionnelle sur deux têtes, plutôt que sur les grands enjeux de l’avenir, n’est pas le moindre des signes d’abrutissement. Jamais sans doute dans l’histoire de ce pays, on ne s’est autant moqué des Français: tout n’est qu’enfumage, fumisterie et mégalomanie destinés à fuir les responsabilités, les décisions, l’action au service du bien commun et prolonger aussi longtemps que possible l’état d’ivresse narcissique, s’imposant désormais comme le nirvana de l’ambition politicienne. Suivant une logique linéaire, les prochaines échéances électorales nationales en 2022 devraient, comme le formule un écrivain, se jouer sur la question suivante, posée aux Français: « Lequel des deux je déteste le moins? » La chute dans la médiocrité, comme un puits sans fond, relève-t-elle de la fatalité?  L’état de désenchantement et la désespérance de l’opinion laisse peu de place à l’espoir d’une mobilisation d’ampleur nationale contre la déchéance d’une démocratie. Reste, sur plus de trois ans, la perspective d’événements imprévisibles et titanesques venant bouleverser les données de la question… Ils ne vont pas manquer de se produire.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction