12 symptômes de la médiocratie

Tout laisse penser que la face visible de notre pays, c’est-à-dire politico-médiatique, s’enfonce toujours plus profondément, jour après jour, dans la médiocrité.

  • La totémisation: la vie politico-médiatique s’organise obsessionnellement autour d’un gourou national qui change tous les 5 ans, suivi à la trace et au jour le jour, dont chaque geste ou chaque parole fascine, éblouit, hypnotise, à la fois demi-dieu et gibier de potence, réceptacle naturel de la pire des idolâtries comme des frustrations les plus rances.
  • Le spectacle narcissique: la vie publique s’enfonce dans les combats de titans supposés capter l’attention collective à l’image de la guerre le Pen-Macron qui en est le dernier avatar et le plus caricatural.
  • Le déni de réalité: les sujets qui fâchent, inquiètent ou font mal sont passés sous silence ou réduits au strict minimum: le chômage de masse, l’exclusion des jeunes, la pauvreté,  le repli identitaire, la situation des banlieues, la violence d’une société en décomposition, le déclin de la France dans le monde, etc. La réalité a disparu, comme annihilée…
  • La mort du débat d’idées: il n’est plus question, depuis bien longtemps, de la réflexion et du débat sur les moyens de combattre le chômage, l’insécurité, restaurer le niveau scolaire: les idées sont désormais maudites et le mot même – idée – devenu subversif. Les dogmes ont remplacé les idées.
  • Le culte des apparences: le fond ne compte pas, c’est l’image donnée qui vaut; peu importent l’inexpérience, l’inculture, le manque de jugement et l’absence de tout bilan à faire valoir, tant que la tête du candidat est jeune et belle, télégénique.
  • Le manichéisme: tout est noir ou blanc, jaune ou rouge, jusqu’à la haine, la fureur, l’envie de tuer et de broyer, à l’image du débat européen opposant les lumières fédéralistes aux ténèbres populistes et toute tentative d’instiller un minimum de nuance, de sens des réalités et de perspective est vouée aux gémonies.
  • L’hystérie nationale: à chaque jour son lot d’excitation, d’énervement, d’hystérie autour de polémiques venues de partout, d’autant plus virulentes qu’elles sont dérisoires.
  • La sublimation du vide et du futile: l’univers médiatique donne une importance disproportionnée à l’accessoire, au secondaire, autour des compétitions sportives ou de divertissement, les polémiques s’enchaînent, toujours les mêmes, nulles, dérisoires, grotesques.
  • L’hexagonisme: nonobstant la mondialisation honnie, accusée de tous les maux, le champ d’intérêt est essentiellement hexagonal ou local, et plus grand chose ne semble exister au-delà des frontières – dans un monde sans frontières. Peu importe les grands mouvements de la planète, seul compte l’anecdotique et le futile à notre porte.
  • La table rase: le passé comme l’histoire sont abolis, on oublie tout au-delà de deux ou trois ans et on repart éternellement à zéro ce qui favorise les pires manipulations de l’opinion, à l’image de ces grandes euphories répétitives qui suivent les élections avant de profonde déceptions.
  • Les fausses valeurs quand les pires farceurs, clowns ou pitbulls (sportifs, acteurs ou animateurs)  se voient érigés en nouveaux maîtres penseurs de notre époque assénant leurs leçons, alors que l’intelligence et la pensée paraissent, sauf exception, mis à l’écart du monde moderne.
  • Le mépris: tout est permis pour manipuler l’opinion, faire croire à l’action, au mouvement, et plus rien n’arrête le rouleau compresseur de la mauvaise foi manipulatrice. Le mensonge et l’hypocrisie deviennent la norme la plus banalisée et le monde se reconstitue à l’aune de la « vérité virtuelle ». « Plus c’est gros, plus ça passe » pourrait être la nouvelle devise nationale.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction