Démission Hulot, non événement ou cataclysme?

La démission de M. Hulot est à la fois l’un et l’autre, non événement et cataclysme. Tout le monde savait depuis longtemps que l’histoire allait se terminer ainsi, depuis le premier jour. Quand allait-il démissionner? Telle était la seule question à son sujet. M. Hulot n’est pas un homme public, il n’est pas un élu, ni un responsable national ayant eu à prendre et à assumer des décisions pour l’intérêt général. Il est un homme de spectacle, un animateur de télévision. Il n’a pas été nommé pour son expérience de la chose publique, ni son sens de l’intérêt de l’Etat. Non, il est entré au gouvernement dans le cadre d’une opération de communication, comme un symbole de la société médiatique. Il était désigné par tous les sondages comme le Français le plus aimé des Français. Il fut une prise de guerre, un formidable coup de communication. D’autres présidents avaient essayé de le ferrer auparavant. Ils n’y étaient pas parvenus. Cette fois, l’opération a fonctionné. C’est sa popularité qui entrait au gouvernement, pas sa compétence d’homme d’Etat. M. Hulot s’est laissé entraîné par le grand vent d’optimisme qui a soufflé sur la « France dite d’en haut » à la suite de l’élection présidentielle de 2017. Il a voulu faire partie du « nouveau monde » qui soi-disant, devait balayer « l’ancien ». Cet été, il a senti que le vent tournait et que tout cela n’était pas bon en termes d’image personnelle. Alors, il a démissionné: c’est bien normal. Mais au-delà, nous assistons bien à un naufrage général, à l’effondrement d’une vision de la politique entièrement fondée sur le culte du je narcissique, de la posture, de la frime et de la communication à outrance. Nous assistons à la mort d’une conception de la vie publique fondée sur la négation du bien commun,  la manipulation de masse et le mépris des gens.   Qu’en sortira-t-il? Nous n’en savons rien.  Cette démission marque une étape de plus dans la grande implosion de la vie publique en cours depuis 6 ou 7 ans. Le fond de l’abîme n’est pas encore atteint. Un jour viendra l’heure de tout reconstruire.  Mon espoir: le retour à la Res publica, à la démocratie,  à la notion de gouvernement collectif pour l’intérêt général… Mais je le sais, nous en sommes loin…

Maxime TANDONNET

Author: Redaction