L’affligeant niveau du débat public français

Les derniers sondages montrent une chute de la popularité de l’occupant de l’Elysée avec 59% d’insatisfaits: fait nouveau, il baisse fortement à droite, mais remonte nettement à gauche. Pour quelle raison? La prestation à l’Elysée, de « l’icône gay Smile », lors de la fête de la musique, qui a plu à gauche et qui a déplu à droite. Les commentateurs parlent aussi de « l’effet Manu »Du côté du Premier ministre, la chute est encore plus vertigineuse.

Voici le fruit de l’épouvantable crétinisation de la vie politique française: tout se joue autour de l’image médiatique de quelques comédiens sans talent – de l’extrême droite à l’extrême gauche – dont l’obsession est de séduire leur public. Pendant ce temps, le pays croupit dans la médiocrité. Un seul exemple: sur le plan de l’emploi, après six ans de socialisme, la France reste l’un des plus mauvais élèves de l’Europe: sait-on que depuis un an, elle est le pays européen où le taux de chômage (de 9% contre 7,3% dans l’Europe à 28), s’est le moins amélioré?  Mais nous pourrions aussi parler de la dette publique, en hausse vertigineuse, de la situation des banlieues, du communautarisme, de l’état de violence du pays, de l’évolution de l’immigration…

Il est urgent de comprendre que l’extrême personnalisation de la vie politique, est une forme d’apothéose de l’abêtissement politique du pays. On ne nous demande pas de réfléchir, mais d’aimer ou de détester, d’adorer ou de haïr. L’émotion, oui, la réflexion, non. Nous n’avons pas à connaître de la vérité, les faits, les statistiques: le monde réel, ne nous regarde pas! Notre seul rôle est d’admirer, et de vénérer, de baver devant un écran de télévision,puis de voter une fois tous les cinq ans pour l’idole que Tf1 , France 2, France info et Europe 1 auront intronisé pour nous. Penser, dans la vie politique française, est devenu le mal absolu. Penser est par excellence, une attitude ringarde et réactionnaire.

Les présidentielles de 2022, entre exaltation et diabolisation, entre héros et épouvantail médiatiques, seront tout autant manipulées que celles de 2017. Le seul espoir infime qui subsiste est celui d’un éveil de la lucidité populaire, que les Français comprennent à quel point ils sont victimes d’une entreprise de crétinisation politique accélérée. Nous savons par avance que les présidentielles de 2022 seront sabotées et qu’il n’y a rien à en attendre. D’ailleurs, quel est l’intérêt de choisir au second tour, entre deux narcissismes obsessionnels, narcissismes de droite, de gauche, du centre, d’extrême droite ou d’extrême gauche, narcissismes fabriqués de toute pièce par les médias sur les ruines de notre intelligence collective? Quand l’image  personnelle d’un ou de plusieurs individu devient le but en soi d’une politique, écrasant toute notion d’intérêt général et de bien commun…

La révolte aujourd’hui ne passe pas par la violence, mais par nos cerveaux, notre lucidité, notre esprit critique. Alors, s’il existe encore une petite fenêtre de tir, il faut se mobiliser sur les élections législatives, la dépersonnalisation, la dé-médiatisation de la vie publique, sortir de l’émotionnel et réintroduire la raison et la réflexion, reconquérir la politique, la démocratie, le débat d’idées, cesser de se laisser manipuler par la crétinisation de la politique française, voter uniquement pour des idées, des projets, pour la France, et non pour  des icônes, des individus malades d’eux-mêmes et qui dans leur folie égotique, entraînent le pays, non pas à l’abîme, mais pire, dans une médiocrité toujours croissante.

Maxime TANDONNET

 

Author: Redaction