Non au lynchage de M. Darmanin

Les pétitions et les prises de position se multiplient en ce moment à l’encontre de M. Darmanin, accusé de viol, réclamant sa démission de ministre du budget. Il n’existe aucune preuve, aucun témoignage contre lui (autre que celui de son accusatrice). N’oublions pas les grands scandales qui ont détruit des vies sur la base d’accusations, l’affaire Dominique Baudis, l’affaire d’Outreau. Dans ce dossier, ce que nous pensons personnellement de M. Darmanin en tant qu’homme politique, n’a strictement aucune importance. Deux questions sont en jeu. L’une est politique. S’il suffit d’une accusation lancée par quelqu’un et remontant à des années ou des décennies pour obtenir une démission d’un ministre et déstabiliser un gouvernement, c’en est fini de la politique, c’en est fini de la démocratie. Toute velléité d’exercer un pouvoir politique, de droite, de gauche, du centre, sera anéantie avant même d’avoir commencé. Plus aucun gouvernement ne sera possible et seul le chaos triomphera. L’autre enjeu est celui de l’Etat de droit et du respect des personnes. Sommes nous dans une société de droit ou une société de lynchage? S’il suffit d’une accusation, dans la logique de « balancetonporc » pour enclencher un processus de destruction, nous sortons d’une société fondée sur le respect du droit de la défense et de la présomption d’innocence. Nous retournons à la barbarie de la « loi des suspects » de septembre 1793. La délation et la calomnie deviennent alors les piliers de la société contemporaine. Il suffit de dénoncer son voisin pour obtenir sa tête. Et nul d’entre nous ne sera plus à l’abri. M. Darmanin est ce qu’il est en politique. Ici, ce n’est pas le problème. Il appartient à la justice, seule, de suivre son cours. Sa démission, avant tout jugement, serait un désastre supplémentaire pour la démocratie et pour l’avenir de la société française.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction