Sélection, la grande hypocrisie française

La question de la sélection à l’entrée de l’université est l’une des hypocrisies les plus caractéristiques de la société française. Depuis l’échec de la réforme de Devaquet en 1986, face aux émeutes, la question est absolument taboue et la sélection à l’entrée de l’université considérée, par une sorte de dogme, comme un mal absolu. Or 80% d’une classe d’âge (2% en 1945), accède aujourd’hui à un baccalauréat  dévalorisé qui ouvre le droit à s’inscrire dans n’importe quelle université. Le taux d’échec dans les facultés est considérable: seuls 30% des inscrits en première année obtiennent leur diplôme. Les étudiants, dans leur grande majorité, sont ainsi les premières victimes de ce système, destiné à ne pas déplaire aux syndicats et à éviter le syndrome Devaquet. Quant à ceux, la petite minorité, qui passent le filtre des examens, ils obtiennent un diplôme dévalorisé et rencontrent ensuite les pires difficultés pour trouver un travail en CDI conforme à leur qualification. D’où un enseignement à deux vitesses. Il y a des établissements privilégiés qui ont le droit (qui sait pourquoi?) , de pratiquer une sélection à l’entrée, les IEP, les écoles de commerce et d’ingénieurs, les IUT, alors que d’autres, les universités, ne l’ont pas. Cet examen d’entrée assure, à ceux qui sont autorisés à le pratiquer, d’excellentes conditions d’accès à l’emploi alors que les universités connaissent les pires difficultés dans des conditions de surnombre et d’effondrement du niveau. Bien sûr certaines formations universitaires fonctionnent bien, mais pour une raison simple: la sélection qui n’est pas faite à l’entrée se retrouve par la suite, au prix d’un gigantesque gâchis de ceux tombés en cours de route… Pourquoi cette injustice criante, pourquoi cette hypocrisie, cette démagogie bêlante, pourquoi se mépris profond de l’égalité des chances et des jeunes qu’on laisse s’embringuer dans des formations auxquelles ils ne sont pas adaptés? D’abord, on en revient toujours au même problème de fond, il y a le régime politique français qui, entièrement fondé sur l’image narcissique au mépris de l’intérêt général et du sens de la réalité,  ne permet pas de décider, de choisir, de gouverner. Ensuite, une vieille culture française périmée qui méprise l’intelligence manuelle ou sociale et veut autoriser tout un chacun à se donner l’illusion de l’intellectualisme. Depuis le drame de 1986, au moins sept majorités, dont l’actuelle, ont été incapables de prendre les décisions claires et courageuses qui s’imposent pour engager l’université Française dans la voie du monde moderne. Et ce n’est pas fini…

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction