Mme Pécresse et M. Wauquiez seraient tous deux candidats pour prendre la tête de LR, l’une version chiraquienne et l’autre « droitisation ». Tous deux, je les connais un peu. Valérie est une ancienne camarade de « promo » et Laurent m’a reçu à l’Assemblée et à dîner. Tous deux sont simples, charmants, intelligents. Mais à mes yeux, ils font fausse route. Après une débâcle sans précédent historique du camp des républicains modérés, ils reproduisent les errements qui l’ont conduit au désastre actuel. La guerre des chefs est non seulement dévastatrice, mais elle est ridicule. Chirac/VGE, Chirac/ Balladur, Sarkozy/Villepin, Copé/Fillon, Fillon/Juppé/Sarkozy. Et maintenant nous aurions Pécresse/Wauquiez? Le peuple peut tout pardonner, les échecs, les erreurs, même les fautes. Il ne pardonne jamais le ridicule. Je ne crois guère au succès de l’expérience Macron, malgré tout ce qu’elle a aujourd’hui de sympathique et de vivifiant. Elle me semble reproduire au centuple les causes profondes de l’échec de toutes les présidences: vider de leur substance les outils de l’exercice du pouvoir, les leviers de la puissance publique et de l’autorité – le Premier ministre, le Gouvernement, le Parlement – au profit de l’image sublimée d’un visage médiatique fuyant en permanence la confrontation avec le monde des réalités. Mme Pécresse et M. Wauquiez se jettent à corps perdu dans une nouvelle course à la démence narcissique: qui sera l’anti Macron, destiné à prendre sa place? Les Français n’en voudront pas, et même dans 5 ans, entre deux narcissismes éthérés, préféreront l’original à la copie. C’est tout autre chose qu’il faudrait faire. En finir avec les idées de « chiraquisation » ou de « droitisation » et avec tout autre délire. Que les présidents de régions et de départements, les maires de grandes villes du camp des républicains modérés se réunissent et se mettent à l’écoute de la Nation, notamment de ses 84% de Français qui n’ont pas voté pour un candidat d’En Marche et se voient plongés dans le désarroi. Le temps est à la réflexion et non à la conquête des postes qui ronge le pays et l’a entraîné sur un champ de ruines. Quelle monstruosité avons-nous commis pour être ainsi rejetés? Et comment préparer l’avenir en commun, collectivement, renouer avec la politique au sens noble du terme, le Gouvernement de la cité en vue du bien commun? Comment restaurer la démocratie française, l’autorité de l’Etat, réhabiliter le discours de la vérité, répondre aux angoisses et aux souffrances de la Nation? Déjà, ils pensent aux prochaines présidentielles plutôt que de penser à la France! C’est dramatique et désespérant.
Maxime TANDONNET