La victoire de M. Hamon au premier tour des primaires socialistes n’a rien d’un événement anodin. Elle reflète la décomposition en cours de la politique française. Le militant socialiste propose des mesures irréalistes. Son revenu universel de 750 euros dès 18 ans couterait des centaines de milliards au budget de l’Etat et détournerait toute une génération du goût de l’effort et du travail. Il créerait une génération de personnes oisives et dépendantes de l’Etat, une immense injustice à l’égard des jeunes qui travaillent et se lèvent tôt pour gagner leur vie. Son idée de visa humanitaire destiné non seulement aux victimes des guerres mais aussi de la misère s’adresse au milliard de personnes qui dans le monde vivent avec moins de 1,9 dollars par jour (selon la Banque mondiale). C’est un projet de ruine et d’isolement de la France. Au firmament de la politique de « posture », conçue par un candidat qui veut paraître « très très à gauche », il n’a rien à envier aux logiques extrémistes. Le candidat le dit lui-même: « je veux être président de la République ». L’Elysée à tout prix, y compris celui de la destruction, de l’effondrement, du chaos, et du malheur collectif. Il est donc l’aboutissement de la fuite dans le délire narcissique d’un militant sans relief, qui ne brille ni par ses études, ni sa réussite professionnelle, ni son mérite dans les sphères du pouvoir. Cette dérive marque la fuite de la politique dans les limbes, le grand délire. On pourrait s’en réjouir bêtement: serait-ce la fin du parti socialiste, qui cesse d’être un parti de gouvernement. C’est ce qu’on lit sur les réseaux de droite et d’extrême droite. Moi non. La nature a horreur du vide. La fin d’un PS « de gouvernement », avec Hollande et Valls, ouvre la voie à autre chose d’infiniment pire. J’ai honte de penser qu’il se trouve encore en France près d’un million de personnes qui se sont prononcés en faveur de la logique d’irréalisme de M. Hamon: un million sur 65, c’est beaucoup. Ensuite, ce phénomène est à l’image de ce que je déteste: le mépris pour des électeurs que l’on « fait rêver » en sachant parfaitement que tout ceci est inapplicable. La politique politicienne au pire sens du terme. Enfin, s’il a peu de chance de l’emporter en 2017, il est sans doute représentatif de la politique du pire, celle de l’avenir, celle de 2022: nous aurons Hamon contre la famille le Pen, l’apocalypse contre l’apocalypse. Et moi qui aime profondément mon pays, je souffre à cette perspective. Non, franchement, tout cela, aboutissement de la décomposition de la politique française, de la crétinisation de masse, de ces infâmes primaires, du présidentialisme débile, ne me fait pas rire du tout.
Maxime TANDONNET