L’ouvrage d’Alexandre Devecchio, journaliste au Figaro, 29 ans, est le fruit d’une méticuleuse enquête sur la jeunesse française tentée par la radicalité sous ses formes diverses, en réaction contre la mondialisation. La richesse exceptionnelle de l’ouvrage tient à l’osmose parfaitement réussie entre les témoignages vécus qui abondent et les références intellectuelles. D’une lecture agréable et facile, rédigé d’une belle plume, il permet de concilier le plaisir d’un excellent livre et la réflexion sur l’évolution de notre société, ses fractures, son avenir. Ils ont vingt ans. Ils sont islamistes et partent pour le Djihad. Ils sont souverainistes ou identitaires. Ils sont catholiques et animent la Manif pour tous. Tout les oppose, mais ils s’opposent tous à la globalisation, au libéralisme, à la fin de l’histoire. Par leurs révoltes et par leurs fractures, ils sont le miroir de la France d’aujourd’hui et de demain.
Des caves des cités aux couloirs de Sciences-Po, des sites propagandistes aux collectifs militants, des émeutes aux manifestations, ce livre fait plonger dans le chaudron d’une génération sulfureuse. Enquête sans précédent, il donne la parole à ses protagonistes, notoires ou anonymes. Essai inédit, il les inscrit dans les débats intellectuels et les retournements idéologiques dont ils sont à la fois les héritiers et les contestataires.
Jusqu’où iront leurs volontés tragiques et antagoniques de refaire le monde défait de leurs parents ? Nous annoncent-ils un futur de conflits communautaires, ethniques et religieux, ou un avenir placé sous le signe du sursaut politique et spirituel ? Je recommande vivement la lecture de ce livre qui apporte un éclairage neuf et essentiel sur l’avenir de la société française. « Qu’est-ce qui, dès lors, par-delà les différences et divergences de leurs révoltes, unit les nouveaux enfants du siècle? Précisément, ils sont le miroir d’une France en morceau. Ils forment une génération fracturée dont les multiples lignes de faille sont encore plus complexes que celles définies par Guilly pour leurs parents. Elles expliquent pourquoi les jeunes, censés être davantage tournés vers l’avenir et ouverts sur le monde que leurs aînés, inclinent majoritairement vers différentes formes de la radicalités et y basculent volontiers. S’ils convient de ne pas mettre les formes exacerbées de d’engagement qu’ils se choisissent sur le même plan, elles sont néanmoins le fruit d’une même rupture qui est en premier lieu d’ordre générationnel ».
Maxime TANDONNET