Le livre a plus de 36 ans: un peu tard pour un compte-rendu, mais quelle importance? Je l’ai déniché dans une bonne bibliothèque familiale m’y suis plongé, n’arrive plus à m’en séparer la nuit, et l’ai presque terminé ce matin à 3H20. Il est bien entendu impossible de résumer 100 ans d’histoire marquées par un indescriptible chaos et 700 pages d’une densité extrême. L’ouvrage est passionnant, fascinant. Il narre par le menu détail (attention à ne pas perdre le fil) l’un des siècles les plus épouvantables de l’histoire de France. A le lire, on se demande comment notre pays a pu survivre à une telle succession de cataclysmes: l’invasion par les Anglais (qui revendiquent le trône de France à travers Edouard III, petit fils de Philippe le Bel par sa mère Isabelle). Une succession de débâcles militaires: Crécy, Poitiers (le roi Jean pris en otage), Azincourt… La peste noire qui ravage les villes et les campagnes, emporte un tiers de la population, les famines atroces, les jacqueries, la terreur dans les campagnes dévastées par des bandes de pillards, une cruauté inouïe dans la banalisation de la torture, des viols, femmes enceintes éventrées, meurtres de masse. Un roi fou, Charles VI. Une effroyable guerre civile entre le duc de Bourgogne et les Armagnacs, descendants d’une même famille, la dynastie des Valois, eux-mêmes issus des Capétiens, la France déchiquetée en trois quasi-Etats et une multitude de duchés. Une vertigineuse trahison, peut être la plus épouvantable de l’histoire à égalité avec celle de Pétain/Laval en 1940, par le roi fou et son entourage bourguignon: le traité de Troyes, du 20 mai 1320 (une date à connaître par cœur) , qui offre la succession de la couronne à Henri VI, le roi d’Angleterre, Lancaster, marié à une autre Isabelle, la fille de Charles VI. Et puis, dans cet enfer abyssal, où tout n’est que massacre, folie, trahison, cette France totalement décomposée, l’espoir qui renaît peu à peu autour du Dauphin, fils « bâtard » du roi fou, le petit roi de Bourges, un personnage de fait assez médiocre. Puis vient Jeanne d’Arc, l’alliance des barons de France autour de Charles VII, le vent qui tourne, les victoires militaires qui s’enchaînent, la reconquête de la Normandie, l’Aquitaine… Bref, rien n’est jamais perdu…
Maxime TANDONNET