Intervention de Marisol Touraine
Ministre des Affaires sociales et de la Santé
Réunion « L’essentiel, c’est la République » à Colomiers
Lundi 29 août 2016
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Cher Manuel VALLS,
Cher Jean-Christophe CAMBADELIS,
Chère Carole DELGA,
Cher Georges MERIC,
Chers collègues ministres,
Chers amis, chers camarades, qui êtes toutes et tous rassemblés aujourd’hui à Colomiers.
« L’essentiel, c’est la République ». Voilà un engagement que nous, femmes et hommes de gauche, revendiquons avec fierté. Parce que la République est au cœur de notre histoire, qu’elle est une ligne de force qui nous rassemble.
Notre République a été attaquée par le terrorisme, mais la République a tenu bon. Grâce à la mobilisation, au dévouement, à l’extraordinaire professionnalisme de celles et ceux qui sont en première ligne, policiers, gendarmes, pompiers, professionnels de santé… à qui je veux une nouvelle fois, ici, avec vous, rendre hommage. La République a tenu bon grâce au sang-froid, à la détermination, de notre Président de la République François HOLLANDE et de notre Premier ministre Manuel VALLS, qui à chaque minute, à chaque instant, ont su être à la hauteur des évènements.
La République, chers amis, elle a tenu bon, alors même que certains semblent résolus à s’en éloigner.
I. Notre pays est à un tournant de son histoire. Les Français doutent, comment ne pas le voir ? Ils doutent moins pour eux-mêmes que pour la France, sa sécurité, sa capacité à rester unie, son avenir. Et la droite, regardant toujours plus à droite, mène une campagne d’agitation de ces peurs.
Des moments de doute, la France en a connus. Mais elle a su les traverser lorsqu’elle était habitée par cette très grande certitude collective : la République est là pour lui permettre de relever les défis à affronter.
Le danger aujourd’hui, c’est qu’une partie de la droite a abandonné cette foi républicaine. Nicolas SARKOZY s’assume comme le chantre d’une droite « sans limites », qui repousse chaque jour les frontières de l’indécence et de l’injustice. En rebaptisant son parti « Les Républicains », il pensait donner un visage humain à son programme de démolition de notre République sociale et d’affaiblissement de notre République tout court.
Eh bien moi, je dis à la droite, que lorsqu’on affirme qu’en luttant contre l’immigration on va lutter contre le terrorisme, on n’est pas républicain : on est xénophobe.
Je dis à la droite que lorsqu’on conteste les conditions d’acquisition de la nationalité française, lorsque l’on veut interdire le regroupement familial et mettre en cause la Convention européenne des droits de l’Homme on n’est pas républicain, on est extrémiste : parce que les étrangers, qui ont été une chance pour l’histoire de notre République, ne sont pas devenus une menace pour notre liberté.
Je dis à la droite que lorsque l’on oublie que les musulmans de France sont aussi des Français, on n’est pas républicain, on banalise le racisme. Je veux vous dire mon émotion lorsqu’en France, un restaurateur refoule deux femmes parce qu’elles sont voilées.
Eh bien nous, femmes et hommes de gauche, nous assumons de donner les mêmes droits, d’attribuer les mêmes chances, à chacune, à chacun de nos concitoyens, de reconnaître l’histoire, l’identité, l’engagement de tous. Parce que nous nous battons pour l’égalité.
Oui, la droite a changé, et nous devons la combattre avec force. J’emploie ce terme à dessein. Parce que, chers amis, en tant que femme de gauche, j’ai toujours assumé le débat avec la droite, projet contre projet. J’ai toujours assumé le débat avec celles et ceux qui ne partagent pas nos idées mais qui respectent l’unité de notre Nation. Eh bien aujourd’hui, j’assume le combat face à une droite qui a abandonné le Général DE GAULLE au profit de Donald TRUMP et des populistes. J’assume le combat face à une droite qui n’est plus ni gaulliste, ni même libérale, mais néo-conservatrice et autoritaire. Parce que la France vaut mieux que ça.
II. L’an prochain, les Français auront à faire un choix. Sachons leur raconter avec fierté ce que nous avons fait et leur dire ce que nous avons encore à faire ensemble.
Le pays, aujourd’hui, n’est plus celui que nous avons trouvé. Nous avons fait baisser les déficits, renoué avec l’esprit de responsabilité économique, redonné du crédit à la parole de la France, en Europe et dans le monde. Nous avons porté des réformes de justice, des réformes de progrès, des réformes de société qui ont transformé et transformeront pour longtemps le quotidien de millions de Français. Parce que la gauche, c’est la conviction que le progrès collectif est toujours possible, que les réussites individuelles ne sont pas notre seul horizon.
Le progrès, la justice, l’égalité, si je ne devais vous adresser aujourd’hui qu’un seul message, chers amis, ce serait celui-ci : portons ces enjeux au cœur de la campagne présidentielle. Le débat identitaire ne peut pas, ne doit pas étouffer la question sociale. Parce que ce n’est pas ce qu’attendent les électeurs. Parce qu’on ne nous fera pas croire que les Français qui choisissent l’abstention ou le vote FN ne sont pas inquiets de la précarité sociale. Et parce que pendant ce temps-là la droite prépare un programme de destruction sociale.
Il y a quelques jours, j’entendais Nicolas SARKOZY, sur un plateau de télévision, dire qu’il était « hors de question de toucher au modèle social français ». Et puis j’ai lu son livre. Alors je m’interroge : à quoi il touche, Monsieur SARKOZY, quand il demande que les Français paient davantage pour se soigner et soient beaucoup moins remboursés ? A quoi il touche, quand il propose de faire travailler jusqu’à 64 ans les Français qui ont commencé à travailler plus tôt que les autres et qui vivront moins longtemps que les autres ? A quoi il touche, quand il annonce la suppression de centaines de milliers de postes dans les hôpitaux et les écoles c’est-à-dire dans nos services publics ? A quoi, il touche quand il veut supprimer l’ISF, obsession d’une droite pour qui la France se résume à ses riches ?
La boussole de la droite, c’est l’assurance privée, c’est l’individu seul face aux risques de la vie ; celle de la gauche, c’est la transformation sociale, c’est la modernisation, c’est l’innovation au service des Français.
C’est en martelant nos valeurs, en assumant concrètement notre politique, que nous gagnerons. C’est en disant aux Français ce qu’est la gauche et ce qu’elle a fait.
La gauche, c’est-à-dire nous, elle rétablit l’équilibre des comptes de la sécu et elle transforme notre modèle social pour mieux accompagner nos concitoyens. Avec le compte pénibilité, et il y en a déjà 500 000, nous permettrons à ceux qui ont exercé un métier dans des conditions pénibles de partir à la retraite avant les autres. Nous proposons aux jeunes sans formation de reprendre pied, il y a déjà 50 000 garanties jeunes, et à ceux qui travaillent et qui n’avaient droit à rien de percevoir la prime d’activité: 500 000 l’ont touchée, 4,5 millions de Français au revenu modeste au total.
La gauche, elle ne considère pas que le combat pour les droits des femmes est dépassé : la contraception pour les mineures est désormais gratuite et anonyme, le délai de réflexion pour l’IVG a été supprimé, et l’IVG est remboursée à 100% ainsi que tous les actes qui lui sont liés.
La gauche, c’est aussi la généralisation du tiers payant, c’est des moyens supplémentaires pour les hôpitaux de proximité, c’est la création de plus d’un millier de maisons de santé sur le territoire. C’est la revalorisation de l’allocation personnalisée d’autonomie pour les personnes âgées dépendantes et le droit au répit pour leurs proches. C’est 90 000 femmes dont l’ex-conjoint ne paie pas la pension alimentaire à qui on la garantit, c’est la modulation des allocations familiales parce que quand on gagne plus de 6000€ par mois on peut en toucher moins pour que les familles les plus pauvres puissent en recevoir plus, de 25 à 50% de plus ! Et la gauche, elle n’a pas baissé les bras face à la pauvreté, elle ne dit pas que les pauvres sont des assistés, et en revalorisant de 10% le rSa, nous avons stabilisé la pauvreté en France quand elle augmente chez nos voisins.
La gauche, chers amis, elle n’a qu’une ambition, qu’une obsession : faire de la République un espace de libertés. Et je suis fière d’appartenir au Gouvernement qui a donné aux couples de même sexe le droit de se marier.
Oui, la gauche c’est tout ça. Des valeurs et des actes. C’est le progrès social, c’est la lutte contre les inégalités, c’est la transformation et la modernisation du pays. Tant de choses ont été faites et les Français reconnaîtront que nous avons su engager les réformes nécessaires. Tant de choses restent à faire et nous mettrons à profit les prochains mois pour dire à nos concitoyens que nous pouvons, que nous devons, emmener la France plus loin. Parce que la gauche a toujours été au rendez-vous de ses responsabilités. Parce que comme l’écrivait Jaurès – et je terminerai pas ces mots – « sans la République, le socialisme est impuissant, sans le socialisme, la République est vide ».
Alors chers amis, la victoire est à portée de mains, battons-nous, soyons fiers, redressons la tête. C’est en étant fiers de nos valeurs et mobilisés sur le terrain que nous pourrons gagner !
Je vous remercie.