La France n’est pas la seule touchée. Le phénomène est en train de frapper l’ensemble des pays occidentaux: un rejet viscéral des « partis traditionnels », démocrates-sociaux et conservateurs qui règnent en maîtres depuis 1945. Le triomphe du FPö autrichien, le 24 avril, contre une coalition centrale, au premier tour des présidentielles en témoigne de manière sidérante, comme la course en tête de M. Trump aux primaires républicaines aux Etats-Unis, l’effondrement de Mme Merkel en Allemagne, les difficultés de M. Cameron au Royaume-Uni, la poussée d’extrême gauche en Espagne, etc.
Quant à la France, mieux vaut ne pas en parler tandis que les socialistes au pouvoir atteignent les fond de l’abîme (« eh, oh, la gauche ») et l’opposition se décompose en individualités obnubilées sur la conquête de l’Elysée.
Pourquoi ?
Partout prédomine le sentiment d’un milieu politique obsédé par ses intérêts et refusant d’entendre les souffrances, les malheurs, la détresse, l’angoisse des populations. L’aveuglement des politiques traditionnels est sidérant sur deux dossiers fondamentaux. Tétanisés par leur image médiatique, ils refusent catégoriquement d’apporter des réponses à la question de la maîtrise de l’immigration et celle de la refondation d’une Europe devenue un monstre bureaucratique. L’attitude de M. Obama, venu au Royaume-Uni menacer les Britanniques en cas de Brexit est incompréhensible.
Comment les Britanniques pourraient-ils ne pas réagir par la colère à une telle ingérence ? En France, la classe dirigeante se pense, au fond, protégée par le « lepénisme » qui canalise un certain mécontentement. Cette formation, pensent-ils, du fait de son passé, de son caractère familial, de ses personnages caricaturaux, à la fois aimant et repoussoir, protège un statu quo davantage qu’elle ne le menace.
Mais ce parti n’est pas éternel, il ne les protégera pas éternellement, et son effondrement ouvrirait la voie à un tsunami politique. Si les politiques nationaux, médiatisés, de France et de Navarre étaient plus intelligents, ils essaieraient de comprendre: les choses ne peuvent plus durer ainsi, nous marchons à l’apocalypse; cessons de nous enivrer de nous-mêmes et de nous regarder le nombril pour tenter, face aux Français, de répondre aux grandes questions du moment.
Hélas, il n’est pas du tout certain qu’ils en soient capables, par manque de recul, de force de caractère, de vision, atteints d’une maladie mentale extrêmement contagieuse qui s’appelle la mégalomanie.
Le candidat du parti FPÖ, Norbert Hofer, est crédité de 36,4 % des voix.