Comme chaque soir en rentrant chez moi, j’ai fait un saut à la fnac du coin, pour voir les nouveautés.Tiens! M. Thévenoud a écrit un livre! Comment résister à la tentation de le feuilleter? Plein de petits paragraphes d’une ou deux phases qui commencent tous par « je », je, je, je, je-je-je. Sans intérêt… Coup d’œil direct à la quatrième de couverture. En gros, le député socialiste, dans cet ouvrage intitulé « Phobie française » déplore la médiocrité du monde politique… M. Thévenoud, faut-il le rappeler, spécialiste de la fiscalité et de la lutte contre la fraude fiscale, a perdu son poste de ministre quand une âme bienveillante a révélé à la France entière qu’il ne payait pas son impôt sur le revenu. Il s’est défendu en expliquant qu’il avait la « phobie des formalités administratives ». D’où le titre de son livre. Les lois, qu’il vote comme député, sont faites pour les autres, pas pour lui. Etrange sensation: quand un personnage, qui incarne à la perfection la médiocrité de la politique, se fait le pourfendeur ce cette même médiocrité… La médiocrité de la médiocrité. Ou le serpent qui se mord la queue… Puis, d’autres informations sont tombées: en fait, il ne paye rien du tout, ni son loyer, ni son kiné, ni ses factures EDF, etc. Qui est coupable dans l’histoire? Pas tellement lui. Il n’y a pas de véritable culpabilité à être un personnage moyen, sans plus, sans envergure, ni morale, ni intellectuelle, pas pire et pas meilleur qu’un autre de ce milieu sans doute, un donneur de leçon, homme des « valeurs », si conforme à l’homo-socialistus . Les vrais coupables sont évidemment ailleurs: le système politique qui promeut des personnages de ce genre, par népotisme, clanisme, cooptation – qui se ressemble s’assemble et la médiocrité appelle la médiocrité; les médias, oscillant sans cesse entre idolâtrie et lynchage, qui se font une montagne d’une affaire d’un simple radin infoutu d’honorer ses dettes; l’éditeur qui publie un texte manifestement sans intérêt, par opportunisme médiatique – alors que tant de jeunes talents se battent en vain pour être publiés. Aujourd’hui, à la faveur de la réapparition médiatique de M. Thévenoud pour la promotion de son chef d’oeuvre, de nouvelles dénonciations tombent: depuis 2011, il n’aurait pas payé la cantine de ses enfants! Car le goût de la délation fait partie de ce climat immonde de pourriture avancée de la vie publique. Eternelle question, je ne sais ce qui est pire: l’avarice et la tartuferie de M Thévenoud, la corruption et l’imbécilité d’un système qui le fait député et ministre, ou le climat de délation qui règne sur la France. On imagine si bien le petit employé aigri qui transmet – sous couvert d’anonymat – à je ne sais plus quel canard, la facture impayée des dettes de cantine de l’ex-ministre. Ah la belle affaire! Ah la belle revanche sociale! A le beau pays dans lequel nous vivons!
Maxime TANDONNET