Ce matin, dans les médias, le ton est à la banalisation: « tout le monde espionne tout le monde » est le message médiatique du jour. L’espionnage des présidents français par les Etats-Unis est pourtant une chose grave, comme je l’ai écrit hier dans Figaro Vox. Elle fait partie d’une sorte de désordre planétaire croissant. La quête de la transparence généralisée correspond à une forme de tentation totalitaire déguisée dans laquelle bascule la mondialisation. Mais la volonté de puissance et de domination des Etats-Unis, dissimule, je le crains, une profonde paranoïa qui pousse à surveiller ses plus proches alliés historiques. Pas grave? Mais que dirait-on si l’ambassade de France était surprise à espionner les conversations de M. Obama? Un scandale effroyable. Ces méthodes ne sont pas celles d’un pays sûr de lui et de sa puissance, mais au contraire, le signe de la fragilité. L’Amérique est en plein effondrement politique comme le souligne sa débâcle au Moyen-Orient. Les candidats annoncés aux prochaines présidentielles – Mme Clinton et un nouveau Bush – font froid dans le dos. La grande alliée de la France, qui l’a sauvée à deux reprises, qui a si longtemps incarné l’espoir, la liberté, l’avenir, semble basculer dans une médiocrité sans nom. Pendant ce temps, l’Etat islamique Daesh pourquit ses atrocités dans l’indifférence et la passivité générale sans que personne ne bouge vraiment. Nous ne savons pas où nous allons en France, mais cette incertitude est à l’image d’un monde devenu fou.
Maxime TANDONNET