1975-2005-2015, les grands témoins s’expriment

Les Ad’AP ont réussi à transformer la date butoir du 1er janvier 2015 en un tremplin qui reçoit l’adhésion d’une grande majorité des acteurs de l’accessibilité : associations, politiques, architectes et cabinets d’étude, gestionnaires d’ERP, chercheurs,… Si les résultats concrets au 31 décembre 2014, sur le terrain, pouvaient être décevants, le bilan décennal de la loi du 11 février 2005 reste positif car cette dernière a permis, outre les aménagements urbains et territoriaux qui ont fleuri ces dix dernières années, de modifier les mentalités collectives. Le pays semble maintenant prêt à évoluer et à œuvrer pour une société plus ouverte, plus inclusive, à enfin entendre et prendre en compte les demandes des associations de personnes handicapées.

L’idée que l’accessibilité pour « un confort d’usage pour tous » (Annette Masson) convainc de plus en plus, même s’il existe toujours des réticences, notamment parce que l’accessibilité a un coût. « Les progrès technologiques ne suffiront pas. L’intervention humaine ne doit pas être négligée » (Maryvonne Dejeammes). Cet engagement humain pourrait commencer par une volonté politique encore plus forte, qui impulserait « une formation et une sensibilisation de l’ensemble des acteurs » (Catherine Bachelier) à grande échelle, qui choisirait de « valoriser et gratifier les projets accessibles innovants et volontaristes » (Edouard Pastor). Il n’empêche que nous sommes, malgré tout, à un tournant et que les Ad’AP y ont un rôle central. Cependant, ils ne peuvent être une fin en soi et doivent s’accompagner d’autres initiatives. En effet, la question de « l’insertion des travailleurs handicapés » peut encore être travaillée et doit progresser à travers, par exemple, « le développement de la formation professionnelle et certaines réformes du code du travail » (Jean-Marie Rouèche). L’accessibilité, au-delà d’une question légitime, doit devenir « un élément essentiel des réflexions sur le bâti, la voirie, les transports et les services » (Catherine Bachelier), mais également sur l’éducation, étape clé de la socialisation et de la future intégration sociale et professionnelle. Ainsi, l’accessibilité doit être pensée dans la globalité du système éducatif, et mériterait que la collectivité investisse « conjointement dans la mise en accessibilité des établissements scolaires, du plus jeune âge jusqu’à la formation et les études supérieures » (Stéphane Gemmani). Le bilan de nos grands témoins s’accompagne d’idées innovantes et ambitieuses pour la société de demain, allant de la création d’un « Ministère de l’aménagement du territoire, garant d’une logique spatiale en faveur des populations, d’une chaîne de déplacement totalement accessible » (Franck Bodin), à la création d’encore plus de nouveaux métiers, comme les « access consultant qui existent outre Manche et accompagnent tout projet architectural depuis sa conception jusqu’à la fin du chantier » (Edouard Pastor). Mais ce foisonnement, pour exister a besoin d’un cadre, d’une « démarche méthodique, planifiée, aidée et contrôlée. Une démarche pragmatique d’accessibilité raisonnée » (Jean-Marie Schléret) dont les Ad’AP en sont une illustration.

La société attend, les acteurs sont prêts, les idées sont là. Nos dix témoins nous intiment de bâtir ensemble cette société inclusive que nous appelons tous de nos vœux.

Author: Redaction